Pourquoi la décarbonation et les émissions du Scope 3 occupent une place de plus en plus importante au sein des entreprises

September 1, 2022 FR EcoVadis FR

Intervenant : Peter Spiller est associé chez McKinsey où il occupe le poste de Head of the EMEA Sustainability in Operations Practice. Il est interviewé par Fergal Byrne, producteur exécutif, The Sustainability Agenda.

En France, un nouveau décret publié durant l’été 2022 (décret BEGES) a modifié les réglementations mises en place par le Code de l'environnement en élargissant le périmètre des émissions prises en compte dans les bilans de gaz à effet de serre aux émissions indirectes significatives. A compter du 1er Janvier 2023, le bilan GES, obligatoire pour les entreprises de plus de 500 salariés, les personnes morales de droit public de plus de 250 employés et les collectivités de plus de 50 000 habitants, devra être complet et inclure les émissions indirectes, le Scope 3.

Alors que les questions relatives aux émissions indirectes occupent une place de plus en plus importante au sein des entreprises, il est essentiel de comprendre pourquoi et comment nous devons les aborder pour parvenir à la décarbonisation. 

C'est dans cette optique que nous avons lancé une nouvelle série de podcasts où interviennent des dirigeants d'entreprise et des leaders d'opinion qui partagent leur expérience en matière de décarbonisation de la chaîne d'approvisionnement. 

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Les émissions du Scope 3 occupent une place de plus en plus importante au sein des entreprises

En raison de la pandémie de COVID-19 et du conflit en Ukraine, la résilience de la chaîne d'approvisionnement est devenue la priorité numéro 1 des dirigeants d'entreprise et les performances RSE des fournisseurs sont reconnues comme un indicateur de risque clé. Les émissions du Scope 3, qui sont les émissions de gaz à effet de serre (GES) provenant de la chaîne de valeur en amont et en aval des activités, font à présent partie des principaux défis de toutes les entreprises. Cependant, contrairement aux émissions du Scope 1 et du Scope 2, les émissions de la chaîne de valeur sont beaucoup plus difficiles à identifier, mesurer, contrôler et donc à réduire. 

Dans ce premier épisode, Peter Spiller, associé chez McKinsey et spécialiste en approvisionnement, partage son point de vue sur certaines des questions clés et la manière dont nous pouvons réduire les émissions du Scope 3.

Pourquoi est-il si difficile de réduire les émissions du Scope 3 ?

En raison des nombreuses parties prenantes impliquées, les émissions du Scope 3 sont plus complexes que celles du Scope 1 et du Scope 2, et également plus difficiles à mesurer et à réduire. Les émissions du Scope 1 sont liées aux ressources détenues par les entreprises et les émissions du Scope 2 proviennent de la consommation d'énergie. Les émissions du Scope 3 sont créées par des ressources appartenant aux fournisseurs d'une entreprise mais aussi liées à l’usage des produits et services et à leur fin de vie. Par conséquent, pour réduire ces émissions, un fort niveau de collaboration entre les différentes parties prenantes est absolument vital. 

Le partage des données entre acheteurs et fournisseurs est essentiel, car pour réduire les émissions, il faut d'abord les quantifier. Néanmoins, les acheteurs et les fournisseurs ont des difficultés à collaborer et à partager des données, principalement en raison du manque de mesures, de normes et de confiance. Les capacités et les instruments permettant de quantifier correctement les émissions du Scope 3 font défaut. Cela est principalement dû à une pénurie d'experts en analyse du cycle de vie. De plus, les normes qui définissent les meilleures pratiques de mesure et les limites sont souvent vagues ou sous-développées. 

La confiance est un autre aspect essentiel de la lutte contre les émissions du Scope 3. En l'absence de confiance entre acheteurs et fournisseurs, il est pratiquement impossible de relever les autres défis. Selon Peter Spiller, associé chez McKinsey, il s'agit aujourd'hui d'un défi majeur : Les entreprises en amont sont réticentes à divulguer des données sur leurs émissions de carbone, car elles craignent que les entreprises en aval utilisent ces données pour influencer la structure de coûts. 

Quels sont les principaux outils favorisant la décarbonisation ?

Les réglementations relatives à la comptabilisation des émissions de carbone et la demande de produits à faible teneur en carbone de la part des consommateurs constituent deux forces motrices qui incitent à la collaboration. En effet, les fournisseurs ont besoin aussi bien d'une incitation à partager leurs données que de conseils sur la manière de les communiquer. 

Aujourd'hui, les entreprises se fixent des objectifs pour amorcer la conversation avec les différentes parties prenantes et le grand public. Un outil occupe une place de plus en plus importante. Il s'agit de l'initiative Science Based Targets (SBTi) qui offre aux entreprises une trajectoire pour réduire leurs émissions conformément aux objectifs de l'Accord de Paris. 

Quelles sont les principales erreurs commises par les entreprises en matière de décarbonisation ?

Si la définition d'objectifs est une première étape importante vers la décarbonisation de la chaîne d'approvisionnement, le manque d'action après cette étape est l'un des principaux obstacles à une réduction significative des émissions de GES dans les chaînes d'approvisionnement. Lorsque nous définissons des objectifs, nous devons absolument nous assurer que nous disposons des ressources et des capacités nécessaires pour les honorer. Se fixer des objectifs réalistes est essentiel pour s'y engager pleinement et c'est ce qui apporte une valeur ajoutée à l'entreprise, à ses parties prenantes et à la planète. Se fixer des objectifs difficiles à atteindre peut démontrer une vision forte, mais si aucune procédure n'est en place pour les atteindre, cela peut facilement devenir du greenwashing

À propos de l'intervenant

Peter Spiller, Head of EMEA Sustainability in Operations Practice, est associé chez McKinsey.

Basé au bureau de Francfort, il conseille principalement des clients dans des secteurs tels que les télécommunications, le high-tech, l'automobile et la grande consommation sur la transformation des opérations, la chaîne d'approvisionnement et les achats. Il codirige les efforts de McKinsey sur la transition durable des activités et dirige les missions de McKinsey à la fois en développement de produits et en approvisionnement sur la région EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique). Travaillant dans plusieurs zones géographiques, Peter se concentre sur la durabilité environnementale et conseille les chefs d'entreprise sur la stratégie ESG, la comptabilisation et le suivi des émissions carbone, la transformation des pratiques RSE des fournisseurs et la décarbonisation de la chaîne d'approvisionnement.

À propos de la série de podcasts 

Le « Scope 3 Agenda Podcast » est une série mensuelle produite par EcoVadis en collaboration avec Fergal Byrne de The Sustainability Agenda, qui présente des témoignages de chefs d'entreprise travaillant sur la décarbonation de la chaîne d'approvisionnement et la réduction des émissions du Scope 3 dans différents secteurs. Au cours des six épisodes, nous nous entretenons avec des chefs d'entreprise et des leaders d'opinion issus d'un large éventail de secteurs et explorons les stratégies, les défis et les enseignements tirés par les entreprises qui se sont lancées dans la décarbonation. 

Retour d’expérience d’Ørsted sur son parcours de décarbonation : les défis majeurs à surmonter pour parvenir au net zéro  Compréhension du Scope 3 et adoption de normes pour décarboner efficacement Le rôle des achats dans la décarbonation

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A propos de l'auteur

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EcoVadis gère une plateforme mondiale d’évaluation et de mutualisation des performances RSE utilisée par plus de 100 000 entreprises de toutes tailles dans 175 pays. EcoVadis combine un système d’information et un réseau d’experts pour mettre à disposition de ses clients acheteurs et fournisseurs des notations simples, fiables et comparables couvrant 200 catégories d’achat et 21 indicateurs (depuis les « émissions de CO2 » au « travail des enfants »).

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