- La transparence sur l’impact ESG des entreprises sur l’environnement et la société attendra
Au cœur de l’été, la commission européenne a publié son acte délégué sur les standards de reporting ESG (ESRS), pierre angulaire de la directive sur la transparence des entreprises en la matière. Mais la publication des 12 standards sur les trois piliers Environnement, Social et Gouvernance laisse un goût amer. Car l'un des points central du dispositif, celle de la double matérialité (financière et à impact) obligatoire a sauté. Finalement, les entreprises ne déclareront que les informations qu’elles jugent pertinentes sur l’impact de leur activité sur l’environnement et la société. Sauf, heureusement, pour le climat où la charge de la preuve est inversée : si l’entreprise ne publie rien sur son impact carbone, elle devra prouver que c’est parce que son activité n’a pas d’impact sur le climat (ce qui va être difficile). Les tractations pour conserver ou infléchir cette position ont encore jusqu’au 31 septembre : passé ce délai, si le Parlement ou le Conseil de l’Europe n’ont rien dit, ce sera validé. Et en attendant, les discussions vont bon train. Les tenants de la double matérialité ne veulent ainsi pas lâcher face à une vision de la seule matérialité financière qui semble s’imposer, notamment sous l’effet des nouvelles normes ISSB (le pendant ESG des normes IFRS). Cet été, son président Emmanuel Faber, est venu expliquer toute l’importance de ces normes, plus simples et demandant aux entreprises de publier leur empreinte carbone sur l’ensemble de leur chaine de valeur (scope 3). Et son discours a séduit une bonne partie de la sphère économique et médiatique. L’arrivée de Mark Carney, chantre de la finance climat mais aussi de la seule matérialité financière, à la tête du conseil d’administration de Bloomberg, géant de l’information et des données financières pourrait entériner cette vision dans l’analyse ESG par ailleurs mal en point.
- Le dogme de la croissance n’est plus une évidence, même chez les dirigeants !
Est-ce l’influence du chercheur Timothée Parrique qui ne ménage pas ses efforts pour déconstruire les mythes sur les croissance et la décroissance ? BFM TV - que l’on ne pourra pas soupçonner d'ultra gauchisme- a relayé une étude passée un peu trop inaperçue au début de l’été. Selon le Baromètre des décideurs réalisé par Viavoice pour HEC Paris, Le Figaro et BFM Business, plus de 6 cadres sur 10 (63%) estiment que l’urgence climatique remet en cause la pertinence de la croissance du PIB comme seule indicateur de santé économique. Une proportion similaire à celle observée auprès du grand public. Dans l’Union Européenne aussi, la « post-croissance » fait son chemin comme on l’a vu avec la deuxième édition du sommet Beyond Growth. On est pas encore sur un plébiscite de la « décroissance » mais on note un changement de posture indéniable sur un dogme encore indéboulonnable il y a quelques années… Dans une autre étude publiée cette fois par Pwc, près de la moitié des PDG français (45%) déclarait d’ailleurs que leur modèle économique actuel ne serait plus viable dans 10 ans… Reste à mettre en application : 28% des décideurs déclarent que leur entreprise n'a pas mis en place des transformations ou adaptations et que "cela n’est pas une priorité".
- Une valeur à mieux partager
La transition écologique sera juste ou ne sera pas. Mais comment faire alors que la valeur créée par les entreprises n’est déjà pas juste ? Alors que 38 des sociétés du CAC40 ont de nouveau affiché des bénéfices records et versé des dividendes tout aussi records, les salaires réels n’ont cessé de baisser depuis le 1er trimestre 2021. Cela a donné lieu à une situation inédite depuis la seconde guerre mondiale où le salaire réel moyen progresse moins vite que l’inflation (Selon l’Insee, le rattrapage devrait s’être fait cet été). Une situation qui explique en partie les tensions sociales de ces dernières années. La loi sur le partage de la valeur peut-elle changer la donne ? Destinée à transposer l’accord - inédit – entre les partenaires sociaux sur le sujet, cette loi encore en examen risque cependant rater son objectif en s’appuyant sur les seuls dispositifs d’intéressement, de participation, ou de prime sans toucher au salaire. Or selon une note du Conseil d’analyse économique, les effets macro et micro restent faibles. La somme de tous ces dispositifs compte pour environ 1% du PIB (en 2021) et favorisent la modération salariale avec des effets limités sur la rémunération totale des salariés. On notera aussi que ces dispositifs ne s’intéressent qu’aux salariés quand 4 millions de France sont aujourd’hui travailleurs indépendants…
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