De la contribution des achats à la performance durable des organisations à la résilience des écosystèmes économiques, l’agilité des achats est un ingrédient clé.
Lors de la 6e conférence achats, organisée en novembre 2023 par l’association suisse Procure.ch, cette agilité a été décrite comme pouvant prendre des formes différentes en fonction des contextes dans lesquels elle est mise en œuvre, contextes présentés par des intervenants dont la diversité des profils est toujours une richesse.
L’omniprésence du changement
«Rien n’est permanent, sauf le changement» disait avec beaucoup de sagesse Héraclite. Si le besoin d’agilité apparaît si important aujourd’hui pour les achats, c’est, force est de le constater, en raison de plusieurs changements en cours (la fameuse polycrise évoquée par Daouia Chalali p.34), véritables transformations dont l’importance questionne chaque jour notre rapport au changement.
Le changement peut ainsi être subi, quand on ne le choisit pas, mais qu’on doit bien sûr s’y adapter. Il peut également être désiré, suscité, provoqué, pour faire mieux et progresser ou pour se démarquer des concurrents par exemple.
Dans tous les cas, il est important de «penser le changement», pour éviter de se cantonner à «changer le pansement» pour reprendre les termes, pleins d’humour, de Francis Blanche. En effet, que le changement soit subi ou qu’il soit provoqué, il n’est jamais simple à gérer. Il peut s’avérer inconfortable et susciter des résistances.
Réussir le changement grâce à l’agilité
L’une des clés les plus utiles pour réussir le changement est sans doute de porter l’attention et de mettre les efforts aux bons endroits. Ceci est d’autant plus vrai que la réduction des coûts (le fameux cost killing ou cost cutting) ne suffit plus.
Bien sûr elle reste importante, surtout en période d’inflation, et un acheteur qui se consacrerait à cette mission ferait contribuerait à un objectif sans doute très important pour son organisation, mais il passerait certainement à côté de l’essentiel, c’est-à-dire contribuer aux performances de son entreprise qui dépassent largement la baisse des coûts (innovation, création de valeur, résilience, etc.).
Cette capacité à penser et à maîtriser le changement (car «sans maîtrise, le changement permanent, c’est le chaos», comme l’a bien exprimé Vincent Laplante), cette capacité également à savoir jusqu’où changer et où le changement doit s’arrêter (car il y a aussi des choses à préserver), c’est précisément ce qui fonde l’agilité et son utilisation optimale.
Une agilité qui peut donc véritablement être mise au service de performances plus durables et de la résilience des écosystèmes économiques.
Des contributions complémentaires
Comme chaque année, des interventions riches et complémentaires se sont succédées, avec des échanges croisés entre intervenants, et avec tous les participants. Les interventions lors de la 6e conférence achats, organisée en novembre 2023 par l’association Procure.ch à Lausane ont ainsi été organisées en trois grandes parties.
Montrer tous les bienfaits de l’agilité des achats
Carole Rosen et Laurent Bejjani (Melioris) ont proposé un riche état des lieux de l’agilité des achats et de la contribution de cette dernière au sein des entreprises suisses (p.5).
Véronique Seel (pour EcoVadis) a proposé une comparaison des performances RSE des entreprises évaluées en Suisse et dans les pays voisins (France, Allemagne, Italie et Autriche), les pratiques RSE étant vues comme de réels soutiens à l’agilité des achats (p 11). Thierry Jouenne (Supply Chain Plus) et Jean-Baptiste Fleck (Alpes Supply Chain) ont montré, dans une présentation très interactive, à quel point la collaboration supply chain–achats (autre modalité et levier d’agilité) pouvait être un levier de performance globale et durable (p.20).
Connaissances et pratiques pour un avenir responsable
La deuxième partie nous a permis d’explorer plus en profondeur le rôle clé des achats responsables et à quel point l’agilité pouvait être nourrie par la RSE. Les présentations de Vincent Laplante (Ukatis Consulting) sur la responsabilité au cœur de l’agilité des achats (p.27) et de Miriam Kaufmann (Prozirkula) sur l’application des principes de l’économie circulaire aux achats (p. 31) ont fourni de belles sources de réflexion illustrées de nombreux exemples et cas pratiques.
Un «atelier prospective», animé par la prospectiviste Daouia Chalali a ensuite permis aux participants de se livrer à un exercice réalisé en temps réel et visant à faire émerger les grandes dynamiques d’évolution du monde et leurs impacts sur les achats et les potentielles bonnes pratiques à développer (face aux problèmes posés par la polycrise évoquée plus haut mais également face aux opportunités potentielles, p. 34).
Transposabilité des bonnes pratiques
Enfin, la troisième partie de la journée a permis d’aborder l’importante question de la transposabilité des bonnes pratiques. Plusieurs cas inspirants ont été présentés par les intervenants en tentant de focaliser l’attention sur les conditions de réussite de la transposition à d’autres contextes des pratiques évoquées. Thomas Hubert (Ville de Genève) a mis en avant des pratiques issues d’organisations à but non lucratif (p 39). Damien Buatois et François-Xavier Loze (SAP) ont présenté des solutions techniques permettant de ne pas sacrifier le high touch au high tech (quand les systèmes d’information achats contribuent à la qualité de la relation plus qu’ils ne la dégradent, ce qui n’est pas toujours évident, p 47 et p 50). Enfin, Michel Philippart (intervenant procure) a invité les auditeurs à capitaliser sur les savoirs intangibles de l’écosystème de l’entreprise en vue de contribuer à des performances plus durables (p 50 du livre blanc).
***
Sur le même thème, prochain Rendez-vous EcoVadis :
Convaincus du rôle des achats et de ses contributions aux performances élargies d'une entreprise ? Dernière chance de vous inscrire à la conférence annuelle Sustain ! A noter, une session dédiée aux Directions Achats :
17:45 – Vision des Directions Achats avec l’executive CPO panel
📍 Paris & en ligne, le mardi 11 mars
Katell Le Goulven, Executive Director, Hoffmann Institute, INSEAD recueille l'état d'esprit de trois directeurs Achats et leur vision 2025 :
- Gianluca Colombo, Chief Procurement Officer & Logistics and CX EVP, dsm-firmenich
- Lars Runde, Head Group Procurement, Lindt & Sprüngli
- Stéphane Delbos, Chief Procurement Officer, Coty
A propos de l'auteur
Plus de contenu par Hugues Poissonnier