La radicalité est « une exigence salutaire qui conduit à s’attaquer aux racines du problème et aller au fond des freins à transition », Carine de Boissezon, directrice de la direction Impact d’EDF.
Peut-on, doit-on être « radical » quand on a pour mission la transformation de l’entreprise pour rendre son activité soutenable au regard des limites planétaires ? C’est la question que s’est posée l’Observatoire de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (ORSE), dans son dernier rapport, publié en ce début d’année. Il invite les directeurs développement durable et autres professionnels travaillant sur les questions écologiques à prendre du recul par rapport aux actions de désobéissance civile qui se multiplient, notamment envers les entreprises comme Lafarge ou RWE, mais aussi par rapport aux nouvelles attentes des collaborateurs, jeunes ou moins jeunes.
« Tout est à revoir, les modèles d’affaires, le système comptable, le rôle de l’entreprise et le système de management. (…) Dans les faits, la vraie radicalité, c’est le conservatisme », Fabrice Bonnifet, président du Collège des Directeurs du Développement Durable (C3D) et DDD de Bouygues.
Un numéro d'équilibriste
Après avoir posé les termes du débat avec le philosophe Dominique Bourg, l’ORSE, par le biais de la journaliste Dominique Pialot, fait dialoguer des directeurs #rse , des acteurs de la transition écologique comme le Comité 21 ou l’association Pour un réveil écologique ou de l’#ESS. Il en ressort une palette de réactions relativement nuancées, qui montre le difficile numéro d’équilibriste que doivent tenir ces professionnels, entre l’envie d’une transformation profonde et urgente des entreprises et le besoin de travailler en collaboration avec les différentes directions, au rythme bien plus lent imposé par le système productif et financier actuel qui impose un pas bien plus feutré. Distinguant judicieusement « radicalité » et « extrémisme », Loïc Bonifacio, du collectif « Pour un réveil écologique », prend une position du milieu de « radicalité constructive », qu’il me paraitrait intéressant de développer plus en détails.
« L’adoption d’un point de vue extrême et l’exigence d’une forme de pureté absolue et immédiate qui caractérisent la radicalité sont incompatibles avec le rôle transversal d’un responsable RSE, amené à travailler et à chercher des solutions avec tous les métiers. », Céline Soubranne Weber , directrice ESG d’AXA Investment Managers.
L’ORSE termine son rapport avec « 10 mesures de ruptures pour faire bouger le cadre ». Mais vont elles suffisamment puiser à la racine des problèmes pour être transformatrices ? Pas si sûr…
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