87 % des entreprises américaines renforcent discrètement leurs investissements RSE malgré les incertitudes réglementaires du marché
Face aux risques croissants dans les chaînes d’approvisionnement, les dirigeants misent sur la durabilité comme levier de compétitivité et de résilience
Paris, le 15 juillet 2025 – Alors que le débat sur l’avenir des réglementations ESG s’intensifie aux États-Unis, 87 % des entreprises américaines déclarent avoir maintenu ou augmenté leurs investissements en matière de durabilité cette année. C’est ce que révèle la nouvelle étude publiée par EcoVadis, U.S. Business Sustainability Landscape Outlook 2025, fondée sur les réponses de 400 dirigeants de grands groupes américains (+1 milliard $ de chiffre d’affaires).
Le retour de Donald Trump à la présidence a profondément modifié le paysage réglementaire et politique autour des enjeux ESG. Dès son investiture, l’administration a engagé un démantèlement systématique des politiques climatiques, sociales et de diversité : retrait de l’Accord de Paris, suppression des programmes fédéraux DEI, pressions exercées sur les entreprises et les investisseurs engagés dans la finance durable. Dans ce climat de polarisation extrême, les entreprises redoutent d’être ciblées pour leurs engagements environnementaux ou sociaux.
Un engagement renforcé… mais plus discret
L’étude met en lumière un phénomène croissant de "greenhushing" : une stratégie adoptée par certaines entreprises qui, tout en poursuivant leurs efforts en matière de développement durable, choisissent de ne plus communiquer publiquement sur leurs engagements.
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31 % des dirigeants affirment continuer à investir dans la durabilité tout en réduisant leur communication publique sur le sujet, voire en la supprimant complètement pour 8 % d’entre eux.
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7 % disent avoir réduit leurs efforts concrets.
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6 % considèrent encore la durabilité comme une simple exigence minimale de conformité.
Ce phénomène s’impose comme une réponse stratégique à un contexte politique incertain, où afficher ses convictions ESG peut entraîner des coûts réputationnels, juridiques ou financiers importants.
La durabilité toujours considérée comme moteur de performance :
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Pour 65 % des répondants, la durabilité des chaînes d’approvisionnement constitue un véritable avantage concurrentiel, permettant à la fois une meilleure gestion des risques, une optimisation des coûts et un renforcement de l’image de marque.
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Cette vision est particulièrement partagée par les directions financières : plus d’un CFO sur deux (52 %) considère la RSE comme un vecteur de croissance.
Une remise en cause des régulations perçue comme un risque pour la croissance et les salariés :
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Alors que certaines juridictions américaines remettent en question les cadres réglementaires ESG, près de la moitié des dirigeants (47 %) redoutent que leur suppression n'entraîne davantage de perturbations dans les chaînes d’approvisionnement.
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Par ailleurs, 59 % s’attendent à une hausse des pratiques de travail abusives si les exigences de transparence reculent.
Des entreprises en difficulté face aux exigences réglementaires internationales :
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Seules 13 % des entreprises interrogées affirment être prêtes à se conformer aux exigences des quatre grandes réglementations ESG en vigueur ou à venir : la CSRD et le CBAM en Europe, la SB-253 en Californie et la Loi canadienne sur l’esclavage moderne.
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Jusqu’à 19 % n’ont pas encore entamé la collecte de données ESG sur leurs fournisseurs.
Les outils technologiques à la rescousse des données ESG
Malgré les lacunes persistantes dans la qualité des données (un tiers des dirigeants admettent avoir communiqué des chiffres seulement estimés, et non mesurés), les entreprises accélèrent l’investissement dans les technologies ESG :
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57 % utilisent des outils de cartographie des risques ESG,
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49 % ont mis en place des plateformes d’engagement fournisseurs,
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34 % s’appuient sur des outils de cartographie des bases fournisseurs,
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32 % recourent à des audits sur site.
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Au total, 89 % prévoient d’accroître leurs investissements technologiques ESG dans les 12 prochains mois.
« Derrière les polémiques, les dirigeants font un constat simple : la durabilité est aujourd’hui un facteur clé pour maintenir la fluidité des chaînes d’approvisionnement et répondre aux attentes des clients », résume Pierre-François Thaler, cofondateur et co-CEO d’EcoVadis. « Les entreprises les plus avancées investissent dans des solutions concrètes pour évaluer la performance de leurs fournisseurs, anticiper les risques et s’adapter aux nouvelles exigences réglementaires ».
Cette prudence et cette discrétion des entreprises américaines trouvent un écho dans les marchés financiers : en 2025, les émissions d’obligations vertes aux États-Unis ont chuté de 43%, et le pays ne représente plus que 9 % du marché mondial, contre 14 % en 2021. Le phénomène de “greenhushing” ne se limite plus à la communication : il influence désormais les décisions financières, comme le choix de ne plus recourir aux obligations vertes ou de sortir des alliances climatiques. Pour beaucoup d’entreprises américaines, il ne s’agit plus de mettre en avant leurs engagements, mais de continuer à agir discrètement, en se concentrant sur les retombées économiques concrètes de leurs actions responsables.
À propos de l’étude
The 2025 U.S. Business Sustainability Landscape Outlook repose sur une enquête menée auprès de 400 dirigeants d’entreprises américaines réalisant plus d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires, dans les secteurs de la consommation, de l’industrie, des services et de la technologie.
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