La Sobriété, un engagement de plus en plus crédible pour les entreprises

September 20, 2022 FR EcoVadis FR

Compte-rendu de l’Université d’Eté de l'Économie de Demain 2022

C’est ce qu’on appelle avoir du flair. En cette rentrée 2022, après un été brûlant, dans un contexte où le gouvernement exhorte les entreprises à la sobriété énergétique, l’Université d’Été de l’Économie de Demain ouvrait son édition 2022 sous la bannière “Sobriété, j’écris ton nom”. Cela semble évident aujourd’hui, mais il est heureux de constater le long chemin parcouru par ce levier depuis janvier, alors même qu’il peinait à dépasser le cercle de quelques initiés. Alors que sous-entend-t-on par sobriété ? Quels en sont les enjeux ? Quels nouveaux défis la sobriété apportera-t-elle pour l’entreprise de demain ?

Sobriété d’urgence versus sobriété planifiée 

La sobriété d’urgence - celle à l'œuvre aujourd’hui - n’a rien à voir avec la sobriété planifiée et défendue par le mouvement Impact France. 

Jean-Marc Jancovici, président du Shift Project et Eva Sadoun, co-chaire de Mouvement Impact France  nous ont rappelé la différence entre sobriété, efficacité et ... Pauvreté. La sobriété, c’est se priver délibérément d’un service donné comme baisser la température dans une pièce ou acheter une voiture plus petite. L'efficacité, c’est utiliser moins d'énergie pour fabriquer le même service. Et enfin, la pauvreté, c’est la sobriété subie car non planifiée et non organisée. 

Aurélien Barrau, astrophysicien, au même moment aux Universités d’Eté du Medef: “Le réchauffement climatique est dans une certaine mesure dérisoire comparé à la crise systémique et pluri-factorielle que nous traversons. Pollution, acidification des océans, interruption des cycles bi/géochimiques, dévastation des espaces naturels tuent davantage que le climat. Les piliers sur lesquels reposent l’habitabilité sont en train de céder.”

Jean-Marc Jancovici nous invite donc, entrepreneurs et intrapreneurs, à nous éduquer pour entamer une réflexion personnelle autour du défi majeur de notre siècle. 

  1. Commencer par bien comprendre le problème : prendre conscience des enjeux de flux énergétiques, de biodiversité, de réchauffement climatique,
  2. Confronter son activité à ce contexte physique : identifier les défis en fonction de son activité. 

La distinction entre sobriété planifiée et pauvreté met en lumière la confusion qui existe entre ces deux termes et qui explique, en partie, pourquoi la sobriété est aujourd’hui si peu désirable dans notre société et dans nos entreprises. 

Illustration par https://www.tommydessine.com/

 

Rendre la sobriété désirable 

Si la recette gagnante est loin d’être acquise, les entreprises s’y attellent progressivement pour définir les modèles de sobriété de demain. 

Aux Universités d'Été de l'Économie de Demain, où les grandes entreprises côtoient les jeunes pousses, il est réjouissant de constater que les idées sont là. Qu’il s’agisse du service de proximité 100% français pour se réapproprier le numérique de Telecoop, de la démarche commerciale sobre de l’assureur la MAIF ou encore du Label Emmaüs qui a lancé la première plateforme solidaire de seconde main, la sobriété est à l’affiche.   

Jean-Noël Barrot, Ministre de la transition numérique et des télécommunications a d’ailleurs rappelé que le gouvernement français vise 100 licornes made in France, dont 25 licornes vertes, d’ici à 2030. Si toutes les licornes devront être sobres, les licornes vertes seront les pionnières qui permettront aux autres d’atteindre la sobriété. 

Certes, l’effet d’entraînement peut s’avérer vertueux, qu’il s’agisse d’entrepreneurs faisant preuve d’inventivité ou de grandes entreprises qui s’emparent de ces idées et modèles pour les développer à grande échelle.  Et pourtant, Maud Sarda, cofondatrice du Label Emmaüs constate qu’il encore très difficile pour une coopérative de trouver des financements auprès de fonds dits “à impact”. Alors, sobriété et rentabilité, mission impossible ? 

 

Sobriété et rentabilité, mission impossible ? 

A l’heure où l’on comprend que les crises climatiques, alimentaires, politiques, sanitaires sont effectivement interdépendantes (#fresque du climat), il est indispensable de remettre l’économie au service de l'habitabilité. 

Pour être compatible à un réchauffement de 2°, il faut réduire les émissions de 5% par an (ce qui s’est produit pendant le covid) et diminuer la consommation d'environ 4%. Comment se préparer pour adapter notre économie sans souffrir d’un changement brutal ? C’est que propose le plan de sobriété du Shift Project qui est un exercice de planification (sur des décennies, voire des siècles) qui tente de faire coïncider baisse des flux physiques et préservation de l’emploi. 

Certaines entreprises en ont fait leur raison d’être. Le Label Emmaüs est une plateforme de vente d’objets en seconde main. Elle opère en tant que SIC, une coopérative dont le pouvoir entre actionnaires multi-sociétaires (salariés, clients, fournisseurs, etc) est identique. L'intérêt général est dans ses statuts : servir en premier lieu le plus souffrant.  Un tiers des salariés est en parcours d’insertion et la différence de salaire entre les salariés est limitée par un facteur de trois. Pourtant ce modèle peine à attirer les investisseurs. 

Pascal Demurger du Groupe Maif s'interroge. Avec le doublement des primes d’assurance liées aux sinistres climatiques : dans le contexte du changement climatique, comment ne pas exclure la population? 

L'économie financière permet-elle véritablement de répondre à cet enjeu ? Eric Monnet, Lauréat prix jeune économie en est convaincu : la justice sociale doit être au cœur des stratégies de sobriété et selon lui, il faut des projets communs qui intègrent toutes les franges de la société. 

Si le changement de modèle économique - auquel nous contribuons tous - se fera sur un temps long, faisons place aux actions concrètes et adoptons une communication sobre. 

 

Adapter sa communication à un monde sobre 

Qu’entend-on par “communication sobre” ? Dans un monde sobre, l’honnêteté, l’humilité et la transparence représentent les valeurs cardinales d’une communication d’entreprise adaptée. Aujourd’hui le greenwashing est encore une réalité qui domine le marché de la communication. Léa Falco du collectif Pour un réveil écologique voit toutes les controverses de greenwashing avec optimisme, comme un signe d’une victoire, l’environnement étant devenu incontournable pour les entreprises. Elle déplore les effets pervers du greenwashing qui poussent les entreprises à crier plus fort que leurs voisins pour se démarquer dans un univers publicitaire saturé. 

La transparence, qui consiste à reconnaître ses  erreurs ou le chemin qu’il reste à parcourir, peut-elle donc être une stratégie gagnante dans ce contexte ? Oui, si l’on en croit les pionniers de la MAIF ou de l’épicerie nouvelle génération Omo & Cie qui partagent leur expérience d’honnêteté radicale dans leur campagne de pub. Chacune à sa manière explore ce qu’une stratégie de communication sobre peut signifier dans son domaine, en particulier leur capacité à véhiculer de nouveaux récits auprès de leurs clients. En effet, communication sobre n’est pas synonyme d’une créativité bridée, bien au contraire. Les nouveaux imaginaires sont de formidables compagnons de route pour accompagner un changement sociétal aussi massif que celui de la sobriété planifiée. 

Et si, comme le suggère la société de conseil et de production audiovisuelle Imagine 2050, nous commencions par imaginer collectivement à quoi ressemblerait le monde sobre de 2050 ? Imaginons : les émissions de Co2 ont atteint un plateau. La pauvreté n’est plus qu’un mauvais souvenir. L’égalité des sexes a été atteinte grâce à une éducation de qualité délivrée tout au long de la vie. Imaginons que tout soit possible pour débloquer de nouveaux imaginaires et faciliter ainsi la mise en marche du monde sobre de demain !

 

Pour aller plus loin : 

Save the Date 23 septembre : Journées Impact & Innovation organisées par 50 Partners

Tableau ronde : Caroline Neyron, Directrice Générale du Mouvement Impact France interviendra aux côtés de Sylvain Guyoton, Chief Rating Officer EcoVadis et de Théo Scubla, co-fondateur de each One. En savoir plus

 

Article co-écrit par Julie de Mony-Pajol, Victoria Chartier et Marion Pascal, EcoVadis.

 

A propos de l'auteur

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