Les collaborations sectorielles indispensables à la transition durable des filières, l’exemple du secteur cosmétique

April 27, 2022 Veronique Seel

Recherche d'alternatives au plastique, décarbonation, projets industriels territoriaux, diffusion de pratiques responsables ou bien encore mesures d'impact environnemental des produits, les points de départ de chaînes vertueuses de collaboration à l'échelle d'une filière ou d'un secteur sont nombreux. Exemple dans la filière cosmétique

 

Aujourd'hui, il n'y a pas d'alternative pour remplacer totalement le plastique. 

Pressions réglementaires, nouvelles exigences des consommateurs mais aussi gains carbone potentiels, tous les industriels travaillent à la réduction, voire la suppression du plastique de leurs emballages. Le remplacement du plastique par d’autres matières renouvelables comme le verre peut poser de nombreuses difficultés, le verre est par exemple plus lourd à transporter, sans parler du risque de casse. 

L’augmentation de part de matière recyclée et la recherche d’alternatives au plastique appelle à la mutualisation et à la collaboration sectorielle pour trouver des innovations de rupture sur le recours au plastique. 

« Il se vend une lotion démaquillante micellaire Bioderma à chaque seconde. Nous fabriquons plus de 30 millions de flacons de lotions micellaires Créaline et Sensibio… Nous consommons beaucoup de plastique. Notre objectif est de remplacer la moitié du plastique brut de nos bouteilles par du plastique recyclé, moins énergivore et qui réduit l'empreinte carbone. Mais trouver les alternatives totales au plastique passera par des collaborations régionales et sectorielles ».

Stéphane Faustin-Leybach, Directeur des Achats NAOS

 

Des Initiatives à fort impact environnemental portées par des groupement de “petits” acheteurs TPE-PME et ETI dans une filière, l’exemple de COSMED

COSMED est la 1ère Association professionnelle de la filière cosmétique en France fédérant la puissance d’achat de 920 TPE-PME et ETI de l’industrie cosmétique ; Stéphane Faustin-Leybach a initié un regroupement d’acheteurs HACosmed afin d’éviter d’être trop “petit” par rapport à de très gros fournisseurs de la filière. Ce groupement d'acheteurs achète en commun des achats standards non stratégiques, mais comprend aussi du sourcing, un réseau d’entraide et une plateforme Eco Destock pour éviter la destruction de produits, matières et emballages.

Une à deux fois par an une “Green Destock Week” où toutes les sociétés peuvent revendre leurs surplus d’achats matières et emballages plutôt que les détruire. Cette même plateforme permet aussi de faire des sourcing entre adhérents,  de “se dépanner”. 

L’association siège à la Commission Européenne dans les instances d’élaboration de la réglementation cosmétique. Elle soutient le développement des entreprises grâce à des services mutualisés : veille réglementaire cosmétique 120 pays, certificats de vente libre, formation, groupement d'achats, congrès et salons. Sur la transition écologique, cette association d’acheteurs a collaboré avec l’ADEME sur un premier bilan carbone de la filière

Accompagnant les stratégies régionales de développement économique et d’attractivité des territoires, l’association est partenaire de plusieurs consortiums engagés en France sur la recherche d'alternatives au plastique, comme (RE)SET et Cosmebooste cités ci-après.
 

L’implication des régions, des exemples dans la filière cosmétique 

En parallèle d’initiatives territoriales comme la célèbre Plastics Vallée dans le département de l’Ain, des régions françaises se mobilisent aux côtés des acteurs de la filière cosmétique dans le financement de la recherche de nouvelles alternatives aux emballages plastiques. 

En région Sud, le Consortium de (RE)SET Territoire dédié aux entreprises cosmétiques a pour ambition "d'inventer les emballages cosmétiques sans plastique de demain". L'association Cosmed, le groupe cosmétique Naos ainsi que 15 autres entreprises de la région ont mandaté (RE)SET pour étudier près 4 000 sources d'innovation dans le monde et manager 50 pilotes pour faire des essais en local sur les emballages cosmétiques pour trouver une alternative au plastique à produire dans la région Sud. 

En Auvergne-Rhône-Alpes, le consortium cosmétique/plasturgie Cosmebooste a pour objectif de créer des modèles prédictifs liés aux interactions contenu/contenant des nouvelles résines en développement. Cosmed est l’un des 7 partenaires engagés dans ce consortium.

En Occitanie, le programme DefiPack ou «comment emballer durablement l’innovation», soutenu par Citéo, rassemble des entreprises et des universités sur la recherche de packaging durables.

 

Les initiatives sectorielles achats responsables, levier d’accélération de la diffusion de pratiques responsables à l’échelle d’une filière : RBI

Mutualiser : au sein d’une initiative achats responsables, les entreprises peuvent partager selon un protocole strict des données et formaliser ensemble des normes et des bonnes pratiques, conduisant ainsi à une meilleure transparence et à une amélioration des performances des chaînes d'approvisionnement à l'échelle de leur branche.

Nous voulons aller plus vite, nous voulons aller plus loin, nous avons l'ambition de transformer l'industrie de la beauté dans son ensemble.” 

Katia MichielettoDirectrice Achats Responsables de L’OCCITANE lors de l'entrée au sein de RBI.

Responsible Beauty Initiative (RBI) avec EcoVadis : Des leaders de l'industrie cosmétique, dont Clarins, Coty, Groupe Rocher, L'Oréal, LVMH, Shiseido, Cosnova et L'Occitane, se sont associés pour renforcer les pratiques durables, améliorer l'empreinte environnementale et l’impact social, partager les données fournisseurs et maximiser la création de valeur au sein de leurs chaînes d’approvisionnement.  Mutualiser pour plus d'impact ! 

 

Autre exemple sur le calcul de l'impact environnemental des produits cosmétiques : bienvenue au tout nouveau Consortium EcoBeautyScore

36 entreprises du secteur de la cosmétique ainsi que des associations professionnelles, lancent le Consortium EcoBeautyScore pour développer avec le cabinet Quantis une méthode d’évaluation et un système de notation de l'impact environnemental des produits beauté tout au long du cycle de vie, selon les principes du « Product Environmental Footprint », PEF. Un prototype d’empreinte et de notation est prévu pour fin 2022.

L’objectif est de fournir aux consommateurs des informations claires, transparentes et comparables sur l’impact environnemental des produits cosmétiques (formules, emballages et phase d’usage) pour répondre à l’exigence grandissante des consommateurs en matière de transparence sur l’impact environnemental de leurs achats. En effet, selon l’étude 2021 de l’institut de recherche Capgemini, 42 % des 8 000 consommateurs interrogés aux États-Unis, au Royaume-Uni, dans l’Union européenne et dans la région Asie-Pacifique souhaitent consommer des marques qui suivent des procédés circulaires et durables. 

Les 36 premiers membres sont les suivants : Amorepacific, Babor, Beiersdorf, Colgate-Palmolive, Cosmébio, COSMED, Cosmetic Valley, Cosmetics Europe, cosnova, Coty, The Estée Lauder Companies, Eugène Perma, FEBEA, The Fragrance Creators Association, Henkel, IKW Beauty Care, The International Fragrance Association, Johnson & Johnson Consumer Inc., JUST International AG, Kao, L’Oréal Groupe, LVMH, Nafigate, NAOS, Natrue, Natura &Co, NOHBA, Oriflame, P&G, Paragon Nordic, Puig, PZ Cussons, Shiseido, Sisley, STANPA, Unilever. Le consortium appelle au rassemblement le plus large possible.

 

En conclusion des bénéfices à mutualiser et collaborer à l'échelle d'une filière ou d'un secteur, Sue Y. Nabi, COTY, interrogée sur comment encourager les innovations durables sur le secteur des cosmétiques, a appelé avant tout à être fearless :

“En n'ayant peur de rien, vous pouvez obtenir de grands résultats. Et le montrer aux partenaires peut être très puissant.”

Sue Y. Nabi - CEO, Coty, lors de son interview #Destination Impact

 

#Sustain2022 Destination Impact --> la session “Initiatives sectorielles : Collaborer pour accélérer” illustre bien la puissance de ces initiatives où des partenariats multipartites permettent de mobiliser et de partager des savoirs, des connaissances spécialisées, des technologies et des ressources financières pour accélérer et changer d'échelle.

A propos de l'auteur

Veronique Seel

Véronique Seel has been creating French content (data/studies/analysis and interviews) for EcoVadis since 2017. A graduate of the Conservatoire National des Arts et Métiers (Paris) in Engineering and B2B Marketing, Véronique progressively specialized in CSR and sustainability during her time as consultant for Vigeo Eiris, then helped BNP Paribas Cardif to create a Sustainable Development department, followed by three years contributing to cleantech and mobility projects in the European Atlantic Area. Véronique Seel is a partner of the Coapi cooperative based in La Rochelle, France.

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