Modèle d’entreprise durable : quelle définition et quelle trajectoire ?

September 21, 2021 Arnaud Herrmann

Article d'invités (guest blog) de deux auteurs d'une étude sur le modèle d'affaires durable : Patrick D'Humières, membre du comité scientifique EcoVadis et Arnaud Herrmann, Directeur associé Eco-Learn, organisme de formation à la compétence durable.

 

Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à rapporter sur leurs bonnes pratiques environnementales, sociales et de gouvernance et à faire part de leur progrès dans leurs rapports annuels. Mais ces pratiques cachent une lacune, la réponse à la question : « qu’est-ce qu’une entreprise durable et peut-on appréhender d’une façon objective et commune le degré de durabilité de l’entreprise ? »

Des modèles économiques de plus en plus contestés

Le modèle d’entreprise d’aujourd’hui est insoutenable.

D’un côté, nous devons faire face à des défis environnementaux et sociaux considérables. La pandémie n’a fait que mettre en évidence l'interdépendance de nos sociétés et la fragilité de notre monde globalisé. De l’autre, dans ce cadre préoccupant, l’économie de marché présente des limites intrinsèques qui l’empêchent de répondre de façon adéquate. Le profit est privatisé, la perte du capital collectif est mutualisée. Le modèle existant fait de l’entreprise une machine externalisatrice qui a le plus souvent intérêt à déporter à l’extérieur tout ce qu’elle n’est pas obligée de comptabiliser !

Nous avons estimé qu’il devenait nécessaire de repenser l’entreprise, de proposer une nouvelle définition d'un modèle durable.

 

Le modèle de l’entreprise durable

La clé de voûte de la durabilité d’une entreprise est la conjugaison du profit et de l’utilité de l’entreprise. Le profit, essentiel pour la pérennité de l’entreprise, exprime la capacité du modèle à produire et répartir de la valeur. L’utilité, garante de la license to operate, exprime la capacité du modèle à s’inscrire dans son écosystème. La poursuite de ce double projet doit s’accompagner d’une minimisation des externalités négatives environnementales et sociales. Ces quatre axes de durabilité se traduisent en quatre indicateurs. Nous avons décliné ceux-ci, à leur tour, en deux échelles temporelles : un court terme opérationnel, un long terme idéal.

Table

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L’acceptation sociétale de l’entreprise sera garantie par son orientation selon quatre valeurs cardinales : la loyauté de comportement dans le rapport aux enjeux publics, l’équité dans les conditions de production et sociales, l’accessibilité des produits et services aux besoins humains et la décarbonation de ses activités. Ces valeurs LEAD serviront de boussole pour la stratégie durable de l’entreprise.

 

Comment aller vers le modèle d’entreprise durable ?

Si le modèle nous donne un idéal vers lequel tendre, nous estimons que la trajectoire est tout aussi importante. Elle est pour nous cruciale car elle permet à l’entreprise de sortir du business-as-usual. Les deux schémas suivants présentent les transformations à opérer entre les modèles d’affaires actuels et la cible durable.

Diagram

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Figure 1 – Représentation schématique du modèle d'affaires actuel

 

Figure 2 – Représentation schématique du modèle d'affaires durable

 
Pour déployer cette trajectoire de durabilité, plusieurs démarches doivent être engagées.
 
Tout d’abord, l’entreprise doit chercher son utilité sociale, sa raison d’être. Ceci lui permettra d’identifier ses contributions positives principales ainsi que ses externalités négatives.
 
L’entreprise sera en mesure de les quantifier et de les hiérarchiser pour les confronter aux modalités d’effacement proposées. À titre d’exemple, la solution d’analyse EcoVadis IQ permet de créer des profils de risques éthiques, sociaux et environnementaux et de cartographier l'ensemble de la base d'approvisionnement d’une entreprise. Or, selon les données du baromètre 2021 Achats Responsables EcoVadis, moins de la moitié des entreprises utilise des outils de cartographie des risques. Cette part n'a pas sensiblement bougé en 2 ans, malgré la pandémie et tous ses enseignements : 41% en 2021 contre 38% en 2019.
 
Suite à ce travail préalable, elle doit ajuster sa trajectoire de durabilité en concertation avec les parties prenantes pour, in fine, initier sa transformation. Ce changement peut notamment se traduire par une modification du portefeuille des offres, en renonçant à certaines offres, en les ajustant, ou en identifiant des opportunités. 

***

Nous vous invitons à lire notre étude pour approfondir les points précédents et explorer les enjeux de trajectoire durable à travers le réajustement du portefeuille, en renouvelant les pactes actionnarial et social. Nous sommes prêts à engager la conversation dans une démarche collaborative : lien vers l'étude 

Webinaire d'actualité durable eco-learn : avec le témoignage du groupement d'entreprises EPE (Association qui regroupe une soixantaine de grandes entreprises françaises et internationales issues de tous les secteurs de l’économie)

 

A propos de l'auteur

Arnaud Herrmann

Arnaud a consacré toute sa carrière à la RSE. D’abord en tant que consultant chez EY pendant 10 ans, en charge du secteur B2C ; puis ces sept dernières années à la tête de la Direction RSE du Groupe Accor, rattaché au PDG. Il intervient régulièrement à HEC, CentraleSupelec et Sciences-Po sur la mise en œuvre d’une démarche de développement durable dans l’entreprise. Il siège également aux conseils d’administration de différentes organisations œuvrant pour la transformation durable de la société : Insetting Platform Initiative, Pour une Agriculture du Vivant, Energy Observer, etc.

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