Cette cinquième étude (après les éditions de 2015, 2017, 2019 et 2021) met en effet en évidence une performance extra financière remarquable des entreprises françaises, performance améliorée par rapport à celles observées précédemment, notamment il y a deux ans.
Les progrès, significatifs, reposent sur de véritables « locomotives » qui représentent une part en nette augmentation des « entreprises bien engagées dans une trajectoire responsable » (selon les termes employés dans l’étude, soit les entreprises dont le score global RSE s’avère supérieur à 65). Cette part représente ainsi 28 % des entreprises évaluées en 2022 en France, à comparer à la moyenne européenne de 19,8 %. Avec un score global moyen de 57,6, ses entreprises permettent à la France de se classer au 4e rang derrière un trio constitué de la Norvège, de la Finlande et de la Suède.
Les performances remarquables de la catégorie « Nordics »
Les performances des pays qui la constituent ont conduit les réalisateurs de l’étude à créer une nouvelle catégorie de pays, à côté des traditionnelles catégories que sont l’OCDE ou les BICS. Cette catégorie dite « Nordics » partage avec la France le fait de voir les plus fortes progressions sur les deux dernières années. L’« avance » prise par les entreprises de ces pays a donc tendance à s’accroître.
De façon générale, il est possible de conclure de ces observations que plus une entreprise (et au niveau agrégé un pays) est engagée dans le développement et le déploiement de pratiques RSE, plus elle (ou il) a tendance à aller plus loin, comme si les bénéfices récoltés (en partie émergents ou induits, c’est-à-dire allant au-delà des effets attendus, bien compris au départ) encourageaient les « plus avancées » à produire davantage d’efforts.
Des progrès dans tous les secteurs
En France, des progrès en matière de RSE sont ainsi observés pour toutes les tailles d’entreprises françaises, avec des améliorations particulièrement fortes pour les petites et moyennes entreprises (PME) et les entreprises de taille intermédiaire (ETI). Cette tendance témoigne du fait que les « locomotives » évoquées plus haut, encore souvent des grandes entreprises, ne sont pas les seules à progresser. Les plus grandes organisations ont en effet embarqué progressivement dans leur démarche leurs partenaires, notamment leurs fournisseurs.
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Les progrès sont également notables dans tous les secteurs observés (de l’agroalimentaire, à la construction ou aux transports). Plus intéressant encore, toutes les dimensions de la RSE enregistrent des progrès, ses entreprises permettant même à la France de se classer à la deuxième place (derrière la Finlande) sur le thème « Social et droits humains ».
La France gagne également deux places (se classant 6e) sur le thème « Éthique » et une sur le thème « Environnement » (se classant 4e). Les « Achats responsables », qui constituent le 4e thème observé voient la France reculer d’une place (4ᵉ) au profit de la Norvège. Cette dernière dimension, qui voit pourtant le score de la France progresser de façon non négligeable par rapport à 2020 (en dépit de la perte d’une place) reste néanmoins essentielle pour la diffusion des pratiques responsables dans toute l’économie. Nous retrouvons bien ici le rôle de « locomotive » des entreprises les plus avancées, rôle que nous évoquions dans un précédent article.
Essentielles du point de vue de la bonne santé des entreprises et de l’économie en général, les pratiques responsables observées dans le cadre de cette étude s’appuient sans doute sur des leviers différents d’un pays à l’autre.
Le rôle de la réglementation reste fondamental et tire incontestablement de façon importante les pratiques vers plus de responsabilité. Citons ici, par exemple, le rôle du devoir de vigilance en vigueur en France depuis 2017 que l’on peut lier à un certain nombre de progrès mesurés par l’étude. Reposant sur une démarche volontariste, les labels (comme le label Relations fournisseurs et achats responsables) amènent en outre les entreprises qui entrent dans une démarche de labellisation à ajouter des contraintes à des contraintes légales qui se renforcent. Ces organisations y gagnent souvent de façon non négligeable en visibilité et s’appuient généralement sur des convictions fortes et les valeurs de leurs dirigeants.
Pragmatisme nordique
Les pays nordiques nous montrent une autre voie, plus pragmatique, dans le sens où elle repose sur des intérêts économiques mieux compris, bien plus que sur les valeurs des dirigeants (ce qui ne les exclut pas bien entendu). En matière d’achats responsables, les progrès réalisés par les pays nordiques reposent ainsi en grande partie sur des démarches très poussées en termes d’analyse et d’évaluation des risques (RSE).
La cartographie des risques liés aux achats est en effet en place au sein de 20 % des entreprises évaluées sur la zone Nordics contre 14 % en France. La différence provient essentiellement des niveaux de pratiques des grandes entreprises de 1000 salariés et plus (53 % contre 40 % en France). Les intérêts visés se définissent alors de façon précise en termes de réduction de risque, mais aussi de capacité à saisir des opportunités.
Il ne s’agit bien sûr pas ici d’opposer les valeurs et les intérêts économiques bien compris, mais plutôt de permettre aux seconds de renforcer la mise en pratique des premières. Il est souvent important, en effet, pour les dirigeants d’entreprise, de prendre conscience du fait que si les pratiques responsables coûtent généralement (même si de nombreux exemples montrent qu’elles s’avèrent de réelles sources d’économies), ne pas les mettre en œuvre risque de coûter beaucoup plus cher. Forts d’arguments financiers robustes et particulièrement utiles dans les discussions avec les actionnaires, ils ont alors la possibilité de décider et d’agir en meilleure cohérence avec leurs valeurs.
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