Le manque de ressources des équipes pourrait ralentir la décarbonation des chaînes d’approvisionnement

June 12, 2024 FR ECOVADIS FR

Comme chaque année, nous mettons en avant les résultats du Baromètre Achats Responsables de l’ObsAR. Les résultats de cette 15eme édition reposent sur les réponses de 403 professionnels français, 80% du secteur privé et 20% du secteur public. 

Grands enseignements : Les achats responsables sont ancrés dans  les organisations, pour longtemps. De réels progrès sont observés sur le déploiement  des méthodologies et outils achats responsables. Mais le manque de ressources des  équipes, qui reste la première difficulté rencontrée par les équipes, pourrait ralentir les  projets de décarbonation des chaînes d’approvisionnement.  

Depuis 2010, l’ObsAR (Observatoire des Achats Responsables) évalue annuellement la maturité des  organisations françaises, publiques et privées, en matière d’achats responsables à travers la publication  de son baromètre. Pour cette 15ème édition, 3 partenaires ont souhaité accompagner cette étude de  référence : Manutan, e-Attestations et Afnor.  

Les résultats et les principaux enseignements du baromètre Achats Responsables 2024 de l’ObsAR ont été  présentés mardi 4 juin lors d’un évènement en présentiel dans les locaux de Mazars à Paris, en présence  de Pierre Pelouzet, Président de l’ObsAR et de l’ensemble du Conseil d’Administration, de Patrick Huser,  Director of Customer Procurement Excellence chez Manutan International, de Sébastien Taupiac,  Directeur de la Communication et des Relations Publiques chez e-Attestations, et de Bruno Frel, expert  Achats Responsables à l’AFNOR. 

Ce baromètre annuel repose sur un sondage effectué entre janvier et avril 2024. 403 organisations y ont  répondu (80% du secteur privé et 20% issues du secteur public). 52% des répondants font partie de la  fonction achats et 34% ont une fonction de direction (achats ou générale).  

Le baromètre Achats Responsables apporte un éclairage sur la manière dont les organisations  s’intéressent et mettent en œuvre les achats responsables, qu’elles soient publiques ou privées.

Des démarches quasi généralisées 

93% des répondants ont mis en place une stratégie Achats Responsables. Selon Pierre Pelouzet, Président  de l’ObsAR : « La tendance observée année après année se renforce. Les projets de mise en œuvre des  achats responsables se confirment d’une année sur l’autre. Les Grandes Entreprises ont été les chefs de  file des démarches achats responsables, tout comme les grandes organisations publiques. Le mouvement  s’étend aux moyennes et petites structures. Les Achats Responsables seront considérés incontournables  pour les prochaines années (80% des répondants). ».  

Dans le privé, l’engagement dans les Achats Responsables est porté par l’adaptation au marché (36%)  alors que le secteur public répond d’abord à une demande réglementaire (53%). La réduction des impacts  notamment sur l’environnement est un moteur des démarches à la fois privées comme publiques, signe  que la législation et les attentes du marché et de la société civile se rejoignent. C’est d’ailleurs un co pilotage qui est observé : Directions Achats et RSE œuvrent au déploiement de la démarche. « Il est  cependant regrettable que les Directions métiers soient rarement intégrées ou impliquées dans la  démarche, alors que leur rôle est crucial », précise Fanny Bénard, vice-Présidente de l’ObsAR. La charte reste l’outil le plus formalisé pour l’ensemble des répondants, avec une hausse des réponses  (72%) devant la politique Achats Responsables (62%). Les SPASER se concrétisent pour la majorité des collectivités, même lorsqu’elles n’étaient pas encore soumises et l’Etat y est désormais également soumis. Les engagements sont publics et chiffrés pour 35% des organisations. 

Les référentiels qui portent la démarche sont issus à la fois du champ de la RSE (les plus nommés étant  EcoVadis, Pacte mondial et les normes ISO) et des achats : « La Charte Relations Fournisseurs et Achats  responsables (RFAR) et le label RFAR sont les référentiels incontournables français. La norme ISO 20400  est de plus en plus connue et utilisée pour se préparer à ces référentiels spécialisés : « 84% des répondants  engagés dans une labellisation « achats » la connaissent. » se réjouit Annie Sorel, vice-Présidente de  l’ObsAR. 

Focus cartographie des risques ESG des achats : de réels progrès mais il reste beaucoup à faire… En 2023, plus de la moitié des répondants n’ont pas déployé une cartographie des risques ESG appliqués  aux achats. Ce chiffre est en baisse, ce qui est une bonne nouvelle, mais reste très insuffisant. 1/3 des  organisations de plus de 1000 salariés répondantes n’ont pas de cartographie des risques, ni 16% des  entreprises de plus de 5000 salariés répondantes, principalement des organisations publiques. Pour les  plus petites organisations, c’est en général entre 40 et 45% d’organisations qui n’ont pas de cartographie. Or, la cartographie est la clé de voûte de la démarche Achats responsables. Comment partager ce message  aux directions achats et embarquer les fournisseurs ? Christian Galichon, Directeur des Achats et du  sourcing Responsable du groupe LVMH, Stéphane Beauvais Chef du Département Politiques Publiques de  l’UGAP, Nancy Dunan, Responsable Pôle Contrôle interne - Direction Services, Logistique, Achats du  Groupe ADP et Odile Collin, Responsable Organisation et Performance Durable de la PME Resistex ont  présenté leurs pratiques et retours d’expérience lors d’une table ronde. 

Le devoir de vigilance au plan européen devrait accélérer la pratique auprès des entreprises de 500  salariés et plus. Bruno Frel, Administrateur de l’ObsAR, précise qu’“il faut trouver des solutions pour rendre  cet exercice moins complexe et plus accessible”. 

Dans le cadre de leur gestion des risques, les organisations procèdent à l’évaluation et au suivi de leurs  fournisseurs. En ce qui concerne l’évaluation des fournisseurs, en moyenne, 2 outils sont utilisés par les  organisations pour évaluer leurs fournisseurs. Les GE utilisent des outils externes (questionnaires, audits)  alors que les petites structures réalisent leur démarche d’évaluation via des outils internes déclaratifs.  

Le processus achats intègre de plus en plus les achats responsables  

Toute stratégie achats commence par fixer les objectifs, puis mener les actions et enfin mesurer les  résultats. 

30% des organisations n’adressent pas encore le sujet de la protection de l’environnement au sens large (biodiversité, pollutions). Les sujets d’économie circulaire et réduction des GES sont mieux utilisés. Les sujets sociaux sociétaux (conditions de travail, droits de l’homme et santé sécurité) font l’objet de  développements dans les stratégies achats, très certainement dus à la loi sur le devoir de vigilance. En ce qui concerne le sourcing, les ¾ des répondants intègrent la RSE dans leurs stratégies de sourcing.  Ce qui conduit une large partie des organisations à intégrer les TPE/PME et les entreprises locales dans  leurs panels fournisseurs. Les organisations publiques mettent en place nombre de mesures vers les  TPE/PME. Outre l’allotissement largement répandu (84%), d’autres mesures se systématisent  (sollicitation des entreprises, simplification des procédures…). Elles sont aussi plus volontaires pour  intégrer toutes les organisations de l’ESS (STPA, insertion, ESUS, entreprises à mission…).  Alors que l’expression du besoin est l’élément essentiel d’une démarche Achats Responsables, seulement  un quart des organisations challengent leurs besoins systématiquement en lien avec les enjeux RSE. Dans le même temps, presque 90% des organisations incluent des exigences RSE dans leurs consultations, dont  40% de manière systématique. Tout un potentiel reste donc à exploiter ! 

Focus économie circulaire 

L’économie circulaire poussée par un cadre législatif volontariste, loi AGEC, directive CSRD, imprègne de plus en plus les achats privés et publics. Le secteur de l’ameublement est révélateur de ces évolutions :  émergence d’une filière du réemploi de la réutilisation, et d’une perception positive des acheteurs et des  utilisateurs. Trois acteurs ayant ancré leur business model en économie circulaire (Tizu, représenté par  son cofondateur Ludovic Pendaries, Haworth,représenté par Philippe Delorme, Directeur National Grands  Projets & Négoce et Schmidt Groupe représenté par Patrice Célérier, Responsable Organisation et  Performance Achats Groupe / Chef de projet éco-circularité) ont témoigné de l’évolution du marché au  niveau Européen, des leviers multidimensionnels et du dynamisme du secteur pour offrir des espaces de  travail et de vie profitable à toutes et tous tout en limitant l’utilisation des ressources. 

Analyse des coûts

Tous les postes de coûts identifiés dans la méthodologie de calcul en coût du cycle de vie telle que décrite  dans la norme ISO 20400 sont interrogés.  Le classement des coûts est sensiblement le même que lors du dernier baromètre. Les organisations  publiques vont rarement au-delà du coût d’acquisition. Et pour les organisations privées, les coûts  d’utilisation et les économies générées pour leur propre organisation sont les 2 postes de coût les plus  utilisés après les coûts d’acquisition. À noter que l’utilisation systématique des coûts de fin de vie régresse. La notion de coût carbone a été isolée des autres coûts cette année. Les entreprises se sont emparées des  enjeux liés à la décarbonation des achats en mesurant leur scope 3, et commencent à établir des stratégies  de réduction d’empreinte carbone auprès de leur supply chain.  

Délais de paiement  
Suite aux améliorations constatées en 2022/2023, les délais de paiement ne progressent pas de manière  significative globalement. Néanmoins, dans le détail, les grandes entreprises ont tendance à retarder leurs  paiements, tout en restant dans les délais légaux. Le nombre d’entreprises sanctionnées par la DGCCRF  augmente considérablement en 2023. Peut-être une incitation pour une amélioration en 2024 ? 

Focus décarbonation 
La décarbonation des achats, également connue sous le terme de décarbonation de la chaîne  d'approvisionnement, vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) générées par les activités  d'approvisionnement et les achats d'une entreprise. Si les objectifs sont communs, les enjeux et modalités  de mise en œuvre sont différents selon les secteurs d’activité et les tailles d’entreprise. C’est ce qu’ont  illustré les 5 entreprises (Résistex représentée par Odile Collin, Responsable Organisation et Performance  Durable, Dräger France représentée par son président Yves Le Gouguec , Groupe Pochet représenté par  Nicolas Piffault, Directeur RSE, Groupe SNCF, représenté par Yann Mazloum, Directeur décarbonation et  stratégie circulaire des Achats, et Schmidt groupe représenté par Christophe Christen, Responsable  Méthodes Achat) venues témoigner sur le pilotage des plans de décarbonation des achats, sur les  réalisations opérationnelles mais aussi les difficultés rencontrées. Toutes relèvent que le cadre d’une  relation fournisseurs basée sur la confiance permet de mobiliser à court, moyen et long terme. 

Le suivi de la démarche pèche encore un peu… 

40% des organisations définissent les KPI en ne s’appuyant pas sur les référentiels existants. « Cela pose  la question de la bonne compréhension des référentiels ou de leur pertinence dans le contexte des  entreprises » selon Véronique Talon et Serge Le Hénaff, administrateurs de l’ObsAR. Le public utilise ses  outils (PNAD et stratégie bas carbone). Le privé est ouvert à tous les référentiels. 
 
Maturité et appréciation des actions engagées 

On n’observe pas de grandes différences entre typologies d’organisations. PME, ETI, grandes entreprises,  organisations publiques se jugent « relativement » matures. Seulement 20% des répondants se jugent  très mature (>= 8). Nous suivrons avec attention l’évolution de cet indicateur dans la durée. Le manque de temps et de ressources reste la première difficulté rencontrée par les organisations. Or,  pour décarboner leurs achats, pour faire face aux enjeux réglementaires et climatiques, et répondre aux  demandes croissantes des clients, les organisations achats doivent avoir les moyens de leurs actions. Ce  point de vigilance, déjà souligné dans le passé, reste donc d’actualité ! 

La synthèse avec l’ensemble des résultats est accessible sur le site de l’0bsAR www.obsar.asso.fr. 

A propos de l'auteur

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EcoVadis gère une plateforme mondiale d’évaluation et de mutualisation des performances RSE utilisée par plus de 100 000 entreprises de toutes tailles dans 175 pays. EcoVadis combine un système d’information et un réseau d’experts pour mettre à disposition de ses clients acheteurs et fournisseurs des notations simples, fiables et comparables couvrant 200 catégories d’achat et 21 indicateurs (depuis les « émissions de CO2 » au « travail des enfants »).

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