La SBTI (Science Based Targets initiative) a récemment publié une mise à jour majeure de sa norme Net Zéro (Corporate Net-Zero Standard), actuellement soumise à consultation publique. Cette nouvelle version vise à renforcer la responsabilité des entreprises tout en introduisant une plus grande flexibilité, afin de mieux accompagner leur transition vers la neutralité carbone. Les parties prenantes ont jusqu’au 1er juin pour soumettre leurs commentaires sur ce projet de révision.
Depuis sa création en 2015, la SBTi s’est donnée pour mission d’ancrer les "objectifs climatiques basés sur la science" dans les pratiques des entreprises. L’organisation élabore des méthodologies de référence, accompagne les entreprises dans la définition de leurs trajectoires de décarbonation, et valide la robustesse scientifique de leurs engagements. Aujourd’hui, plus de 10 000 entreprises à travers le monde ont adopté ou se sont engagées à adopter des objectifs conformes aux critères de la SBTi.
Alors que le nombre d’entreprises aux objectifs validés a doublé entre 2022 et 2023, la SBTi a lancé plusieurs initiatives pour structurer l’offre de normes de décarbonation et répondre aux besoins croissants des organisations en matière de services de validation d’objectifs. C’est dans ce contexte qu’intervient la révision de la norme Net Zéro, initialement publiée en 2021.
Quelles sont les principales évolutions de la nouvelle norme ?
La nouvelle norme Net Zéro introduit des changements significatifs, avec un recentrage clair sur l’action concrète. Elle opère désormais une distinction claire entre les émissions des Scopes 1 et 2, afin de mieux refléter les défis propres à chaque catégorie. Elle précise également les attentes pour la gestion des émissions du Scope 3, renforce les exigences en matière de gouvernance, et propose un cadre plus structuré pour suivre les progrès réalisés.
Voici les principaux éléments à retenir pour les équipes chargées des Achats Responsables et de la Durabilité :
1. Une validation structurée et une responsabilité accrue
Les entreprises doivent s’engager publiquement à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, et publier un plan de transition climatique détaillé dans l’année suivant la validation de leurs objectifs. Des points d’étape réguliers permettront d’assurer un suivi rigoureux.
2. Une approche pragmatique des émissions du Scope 3
Face à la complexité des émissions indirectes, la nouvelle norme abandonne les seuils fixes au profit d’une logique plus ciblée. Les entreprises doivent désormais concentrer leurs efforts sur les activités les plus émettrices de leur chaîne de valeur, en mobilisant activement leurs fournisseurs de rang 1 pour fixer des objectifs de neutralité carbone.
3. Une flexibilité accrue pour les réductions complexes
La SBTi ouvre également la porte à des mécanismes d’atténuation indirecte, comme les systèmes book-and-claim pour les carburants durables d'aviation. Cette solution transitoire permet aux entreprises de maintenir leurs initiatives de décarbonation, même sur les sources d’émissions les plus complexes.
4. Des stratégies claires pour la captation du carbone
Pour traiter les émissions résiduelles, c’est-à-dire celles qui subsistent malgré les efforts de réduction, les entreprises devront définir des objectifs spécifiques de captation carbone. La nouvelle norme propose plusieurs approches : des objectifs obligatoires dans certains cas, ou des modèles plus flexibles, mais toujours encadrés par des critères d’intégrité élevés.
5. Une gouvernance renforcée et une exigence accrue de transparence
Afin de répondre aux attentes croissantes des parties prenantes, la nouvelle norme impose des règles strictes en matière de qualité et de vérification des données. Les grandes entreprises situées dans les pays à revenu élevé (Catégorie A) devront faire auditer leurs données d’émissions par un tiers indépendant. Par ailleurs, des audits réguliers et des réévaluations des données de référence viendront compléter ce cadre de contrôle renforcé.
Quels impacts pour les équipes chargées des Achats Responsables ?
La nouvelle norme de la SBTi introduit des "exigences différenciées", qui prennent en compte la taille des entreprises et leur contexte géographique. Deux catégories distinctes sont désormais proposées :
Catégorie A : les entreprises de taille moyenne à grande, situées dans des pays à revenu élevé. Elles devront répondre à l’ensemble des exigences de la nouvelle norme.
Catégorie B : les PME implantées dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Elles bénéficieront d’une plus grande souplesse, avec certains critères rendus facultatifs, afin de faciliter leur engagement et favoriser une adoption plus large de la nouvelle norme.
En mettant l’accent sur les activités les plus émettrices et sur les fournisseurs directs, la nouvelle norme pousse ainsi les entreprises à concentrer leurs efforts là où leur levier d’impact est le plus fort.
Cette flexibilité accrue favorise également une collaboration plus étroite entre les équipes chargées des Achats Responsables et les fournisseurs. Ensemble, ils pourront intégrer des projets communs de décarbonation à leurs négociations, en misant notamment sur des investissements partagés ou des mécanismes d’incitation environnementale. Enfin, le renforcement des exigences en matière de gouvernance renforce le rôle des Achats dans la collecte, la vérification et la traçabilité des données d’émissions. Les critères de durabilité devront désormais être intégrés de manière systématique dans les contrats, les évaluations de performance fournisseurs, et plus largement dans les pratiques de gestion des relations fournisseurs.
Comment anticiper l’évolution de la norme Net Zéro ?
Pour accompagner les entreprises dans la transition vers le nouveau cadre, la SBTi prévoit de mettre en place un parcours d’alignement spécifique, conçu pour faciliter l’ajustement des objectifs du Scope 3 aux nouvelles exigences. La consultation publique étant ouverte jusqu'au 1er juin 2025, les entreprises bénéficient d'une opportunité unique de contribuer activement à la version finale de la norme Net Zéro.
Dans ce contexte, plusieurs actions peuvent être engagées dès à présent pour anticiper au mieux cette évolution :
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Accélérer la définition des objectifs climatiques : Les grandes entreprises disposent désormais d’un délai d’un an pour valider leurs objectifs, contre deux ans pour les PME.
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Prévoir des mécanismes d’ajustement plus réactifs : Il est recommandé d’anticiper ces échéances dès maintenant et de se préparer à une actualisation plus rapide des objectifs en dehors du cycle quinquennal habituel, notamment en cas de désinvestissements ou de révisions majeures des données.
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Élaborer une feuille de route transparente : Dans l’année suivant la validation de leurs objectifs, les entreprises sont invitées à publier un plan de transition structuré, précisant les actions prévues et les moyens alloués pour respecter la trajectoire des 1,5 °C.
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Renforcer la qualité des données recueillies sur les émissions du Scope 3 : Avec l’accent mis sur les émissions indirectes, en particulier pour les grandes entreprises, il devient impératif de mieux cartographier la chaîne de valeur. Il est recommandé d’identifier les principales sources d’émissions du Scope 3 et d’intensifier la collaboration avec les fournisseurs pour améliorer la transparence des données et favoriser l’adoption d’objectifs basés sur la science.
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Évaluer dès maintenant les solutions de captation : Bien que les modalités précises restent à définir, il est recommandé de se familiariser avec les technologies disponibles, d’analyser leur potentiel d’intégration et d’évaluer leur impact sur la stratégie globale de neutralité carbone.
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Adapter sa gouvernance au nouveau cadre : Enfin, la future norme prévoit une gouvernance plus rigoureuse, avec des processus renforcés pour la fixation des objectifs, le suivi des progrès, et le reporting. Il convient donc d’anticiper d’éventuels délais plus courts et la possibilité d'audits aléatoires.
EcoVadis, un partenaire clé pour s’aligner sur la nouvelle norme de la SBTi
EcoVadis étant aligné sur les principales normes et cadres environnementaux, notamment la Science Based Targets initiative (SBTi), les entreprises utilisant déjà les solutions d’EcoVadis peuvent capitaliser sur leurs pratiques existantes pour intégrer plus facilement les exigences de la SBTi à leur stratégie de gestion des émissions de CO2.
Avec l’accent mis sur les émissions du Scope 3 par la nouvelle norme Net Zéro, les entreprises doivent désormais disposer d’une visibilité accrue sur leur chaîne de valeur. C’est précisément dans ce domaine qu’EcoVadis apporte une forte valeur ajoutée : grâce à un réseau de plus de 150 000 entreprises évaluées, et à des outils spécifiquement conçus pour mobiliser les fournisseurs, la plateforme permet de relever les défis liés à la collecte et à l’exploitation des données liées aux émissions indirectes. EcoVadis s’est d’ailleurs également engagé dans cette trajectoire en validant ses propres objectifs de réduction à court terme auprès de la SBTi, une démarche qui témoigne de son implication concrète dans la lutte contre le changement climatique.
Pour renforcer encore cette capacité d’action, EcoVadis a récemment lancé le Carbon Data Network (CDN), une plateforme innovante qui facilite la collecte de données carbone primaires directement auprès des fournisseurs évalués. Alimentée par le Carbon Action Manager, cette solution permet aux entreprises de mieux évaluer la fiabilité des données carbone de leurs fournisseurs, d’établir des référentiels solides et de mesurer plus précisément l’impact de leurs actions de décarbonation.
Vous souhaitez anticiper les prochaines étapes de la nouvelle norme Net Zéro de la SBTi et renforcer votre stratégie carbone ?
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