Le Baromètre des Achats Responsables ObsAR fait partie des rendez-vous incontournables de début d’année. Sa force est d’interroger chaque année depuis 2010 en France à la fois des décisionnaires Achats du secteur public et du secteur privé (Dirigeant(e) ou élu(e), Directeur Achat, Responsable ou Manager Achat, Lead Buyer ou Category Manager, Responsable Achats Responsables mais aussi Responsable ou chargé(e) RSE / DD et Juriste).
Avec +36% d’augmentation du nombre de répondants pour cette quatorzième édition, l’échantillon 2023 comprend 312 responsables achats -avant tout du secteur privé- ainsi que 34 réponses d’autres organisations. La part de répondants du secteur public se situe cette année au même niveau qu’il y a 2 ans :
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76 (contre 104 sur l’édition précédente) issus d’organisations publiques (collectivités, ministères, fonction publique hospitalière... )
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236 (contre 117) issus d’entreprises du secteur privé (Industrie, Commerce et Services).
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34 issus d’autres organisations (conseils, associations, syndicats, etc...)
L’enquête a été réalisée en ligne du 8 novembre au 29 décembre 2022 en partenariat avec le groupe Manutan. La synthèse avec l’ensemble des résultats est accessible sur le site de l’association.
Des tendances confirmées par rapport à l’édition précédente :
Engagement en achats responsables et effet cascade
Plus de 9 organisations sur 10 sont engagées ou sur le point de s’engager dans une démarche achats responsables. “Les Grandes Entreprises ont été les chefs de file des démarches achats responsables. Le mouvement s’est étendu aux ETI et PME”.
Cartographie des risques ESG des achats : encore trop peu mise en œuvre...
Mis à part pour les Grandes Entreprises (5000 salariés et +), la cartographie des risques reste encore trop peu mise en œuvre. Or, selon l’ISO 20400, la cartographie est un point central pour crédibiliser la démarche achats responsables et formaliser les enjeux : 92% des grands groupes et seulement 34% des PME ont réalisé une cartographie formalisée des enjeux RSE aux Achats. Le devoir de vigilance au plan européen devrait accélérer la pratique auprès des entreprises de 500 salariés et plus. Les auteurs soulignent que c’est “un exercice sûrement perçu comme trop complexe pour les petites structures, et obligatoire pour les entreprises de + de 5000 salariés, certaines GE ne sont donc pas encore conformes à la loi sur le Devoir De Vigilance Française”.
Sur l’ensemble du secteur privé, 45% des répondants déclarent n’avoir effectué encore aucune analyse de risques ESG. De plus, les approches risques sont encore peu croisées :
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Par Type d'achats 39.8%
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Par Type de fournisseur 26.3%
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Par Zone géographique/pays 30.5%
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Par Thématiques RSE 32.2%
Combinaison des pratiques d’évaluation RSE fournisseurs
En toute logique, la combinaison des outils se confirme. Les grilles et questionnaires internes ou audits documentaires externes restent les outils les plus utilisés, suivis des clauses contractuelles RSE. Dans le secteur privé, 61% des donneurs d’ordre réalisent des campagnes d’évaluation RSE par Grilles / Questionnaires / Plateformes d’évaluation, plus de 30% ont recours aux audits sur site, environnementaux ou sociaux.
Critères RSE et relation fournisseurs : progression sur le secteur public
Deux organisations sur trois ont recours à la pondération des critères RSE (212 répondants). La pondération moyenne reste en-dessous de 10 %. Le critère environnemental est davantage considéré que le critère social. Par rapport à l’année dernière, “la pondération a progressé par rapport à l’année dernière pour le secteur public, mais pour le secteur privé, la pondération des critères RSE n’a que très peu évolué”. A noter, dans un quart des directions achats du secteur privé, la RSE pèse pour plus de 15% dans l’appréciation globale des offres fournisseurs. Sur cette question du juste retour, les auteurs alertent encore cette année sur d’autres leviers fondamentaux tels que les délais de paiement “Les délais de paiement ne s’améliorent pas. Les mauvais payeurs sont le secteur public et les Grandes Entreprises”...
ISO 20400 : de plus en plus connue
Les auteurs confirment que la norme “remplit sa fonction de guide de recommandations sur les achats responsables, qui s’adresse à toute taille d’organisation privée ou publique.Toutefois sa connaissance n’est pas encore majoritaire chez les répondants, 59% des PME ne la connaissent pas”.
Nouveau : Information utile gain de temps > finie la chasse aux signatures !
La majorité des entreprises ne font plus signer leur Charte Achats Responsables par les fournisseurs (presque 90% pour les grands groupes). “Ce document permettant principalement de donner les clés de la relation et des demandes envers les fournisseurs, sa signature n’a aujourd’hui que peu de valeur juridique, sauf s’il est annexé au contrat. Et son suivi est chronophage pour peu d’impact au réel sur les pratiques.”
Démarches Achats Responsables en place à fin 2022 : la charte RFAR en passe d’être adoptée à la fois par les acheteurs publics et privés français
Cette année, l’équipe du baromètre a travaillé à identifier le plus largement possible les pratiques RSE et Achats Responsables en place à fin 2022. Pour la première fois, à la question “Dans quelles démarches RSE et Achats Responsables votre organisation est-elle engagée ?” de nombreuses réponses ont été proposées, certifications, labels, évaluations et audits, engagements…
La signature de la Charte RFAR (Relations Fournisseurs et Achats responsables) est de loin la pratique la plus en place en France, à hauteur de 60%, côté public et privé. Sur le reste des démarches, les résultats diffèrent fortement entre public et privé.
Sur le secteur privé, EcoVadis fait partie du Top 3 des démarches achats responsables
La notation EcoVadis fait partie des démarches achats responsables les plus en place à fin 2022, à niveau identique avec la Charte RFAR et, dans une moindre proportion, l’adhésion au UN Global Compact.
Un point commun de ce trio de tête en France ? Dans tous les cas, ce sont trois puissants points d’ancrage d’une trajectoire de transformation, nécessaires mais non suffisants :
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Point de départ du parcours national achats responsables et de la labellisation, les 10 engagements de la Charte peuvent constituer, pour les entreprises et les organisations publiques, le socle d’une véritable stratégie « achats responsables ».
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Conçu pour adresser les chaînes d’approvisionnement, le référentiel d’évaluation EcoVadis couvre les enjeux environnementaux, sociaux, éthiques mais aussi achats responsables, au regard du secteur, de la taille et des localisations. Toutes les autres démarches citées sont prises en compte dans une évaluation EcoVadis.
- Avant les ODD, le Global Compact repose sur l'adoption de 10 principes directeurs, socle premier de l’engagement des entreprises. Le respect de ces principes met alors l’entreprise en posture de contribution aux ODD. Des trois démarches les plus en place en France, c’est la plus éloignée spécifiquement des achats responsables.
De nombreux autres éléments sont disponibles dans l’étude, comme la non évolution du paradoxe des achats responsables : certes reconnus de plus en plus comme levier de transformation, mais les ressources allouées sont encore très rares, le risque s’accentue, c’est une question qui doit être adressée au management. Retrouvez l’intégralité de l’étude et le webinaire de présentation ainsi qu’un premier article du partenaire de cette année, Manutan
Aller plus loin : recommandations bibliothèque EcoVadis
- Au-delà de L’évaluation RSE
- EcoVadis - IQ Plus Brochure
- B Lab et EcoVadis : des approches complémentaires pour générer un impact à grande échelle
A propos de l'auteur
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