I - Données mondiales
Au niveau mondial, 40 pays comportaient à fin 2020 des obligations réglementaires liées aux GES
Plus de 40 pays dans le monde ont mis en place des réglementations et rendu obligatoires, pour une partie des entreprises et collectivités, des démarches de comptabilité de GES, même si la portée et l'étendue des obligations diffèrent. Si ces réglementations portent principalement sur les périmètres opérationnels Scope 1 et Scope 2, le Japon et la Nouvelle-Zélande recommandent à présent d’inclure le Scope 3, tout comme la France.
Au niveau européen, l'UE qui vise à être climatiquement neutre en 2050, élabore une législation européenne sur le climat pour transformer cet engagement politique en une obligation juridique.
Du côté des entreprises, la chaîne d’approvisionnement constitue la majeure partie de l’empreinte environnementale dans la plupart des secteurs.
Selon une étude de McKinsey “Starting at the source: Sustainability in supply chains” la majorité des impacts environnementaux des entreprises est liée à leurs fournisseurs, pouvant aller jusqu’à 90% dans certains secteurs.
Source : Trucost, State of Greenbiz 2019
La maîtrise des filières fournisseurs est donc l’un des facteurs clé du succès d’une entreprise pour diminuer son impact environnemental et réussir sa transition, à l’échelle du scope 3.
"La plupart des grandes entreprises parvient à calculer ses émissions de carbone et selon l'aperçu que nous avons, dans la plupart des secteurs, le scope 3 représente, en moyenne, 70% des émissions. Mais attention, la plupart font une évaluation du scope 3 à partir de bases de données et non à partir de données primaires. Ils utilisent donc des moyennes sectorielles."
Sylvain Guyoton, Table ronde 2021 BforGood "La contribution des achats à la réduction de l’empreinte carbone"
Quelques exemples d’initiatives d’entreprises multinationales sur le Scope 3
Michelin s'est engagé à ce que 70 % de ses fournisseurs dont les émissions couvrent les biens et services achetés aient mis en place des SBTs d'ici 2024. |
|
Schneider Electric s'est fixé comme objectif de réduire ses émissions absolues du Scope 3 de 35 % d'ici 2030 par rapport à l'année de référence 2017 |
|
Lancée par les leaders du marché de la communauté EcoVadis, tels que L'Oréal, Chanel et Firmenich, la compensation carbone est une approche qui génère des crédits carbone dans le cadre des activités de la chaîne d'approvisionnement, directement dans les communautés et les lieux concernés. |
|
Des leaders tels que Unilever, Microsoft et HP sont des participants ambitieux aux initiatives climatiques des entreprises, qui s'efforcent d'étendre leur action climatique à leurs pairs, concurrents et partenaires industriels. La mutualisation des déclarations des GES permet non seulement de réduire les coûts pour chaque entreprise concernée, mais aussi de progresser graduellement, étape par étape, pour rendre l’action sur le Scope 3 gérable et donc évolutive. |
|
Microsoft a introduit un prix interne du carbone en 2012 en faisant payer à toutes ses unités commerciales 8 dollars par tonne de CO₂ émise lors de déplacements professionnels et de consommation d'électricité. Ces fonds sont versés dans un fonds d'investissement de la redevance carbone qui sert à financer des projets d'efficacité énergétique ou de compensation, entre autres initiatives. À ce jour, cela a permis d'économiser plus de 7,5 millions de tonnes de CO₂. En traduisant les émissions par des valeurs monétaires, un langage que la plupart comprennent, vous encouragez vos employés à prendre la responsabilité de leurs émissions. |
Retrouvez toutes les initiatives Scope 3 repérées dans le rapport intégral
II - Données FRANCE
France, 13 secteurs prioritaires et de multiples difficultés rencontrées
En France, les entreprises de plus de 500 salariés, quel que soit leur secteur d’activité mais aussi les personnes morales de droit public de plus de 250 employés ainsi que les collectivités de plus de 50000 habitants sont soumises à l’obligation de réaliser un bilan des émissions de gaz à effet de serre (BEGES) valable de 3 à 4 ans.
Face à l’augmentation du nombre de référentiels nationaux et sectoriels, le service Climat de l’ADEME avait souhaité identifier des secteurs prioritaires à l’accompagnement pour optimiser la qualité de réalisation des BEGES. La méthodologie de l’étude du Cabinet Carbone4 identifiait alors 13 secteurs prioritaires à la décarbonation en France avec un levier sectoriel fort (convergence des acteurs, potentiel mutualisation) mais aussi les principaux freins à de telles démarches par secteur.
Dans “Connaissances approfondies de 10 secteurs d’activité prioritaires en vue du développement de méthodologies sectorielles pour la réalisation de bilans d’émissions de Gaz à effet de serre”, 13 secteurs prioritaires sont ainsi identifiés pour la France :
NEUTRALITÉ CARBONE & transition des PME
L’ancrage des PME à la source de chaque filière impose de les associer et de les aider à mener leur transformation écologique et climatique.
Selon l’ Association bilan carbone, “Les Très Petites Entreprises (TPE) / Petites et Moyennes Entreprises (PME) forment l’essentiel du tissu économique français. L’enjeu pour ces organisations est d’allier leur modèle économique souvent court-termiste aux enjeux liés au changement climatique qui couvrent un horizon plus lointain. Même si ces organisations peinent classiquement à se projeter dans l’avenir, il est essentiel pour elles de se préparer au risque climat. Une augmentation des prix de l’énergie ou l’apparition de taxes carbone, une demande forte de leurs clients ou bien encore l’apparition de nouveaux marchés peuvent être des opportunités ou des risques majeurs pour ces organisations”.
Pour la grande majorité des TPE/PME l’essentiel de l’enjeu de décarbonation se concentre aussi sur le scope 3. Dans son rapport intitulé ‘TPE-PME: comment réussir le passage à la neutralité carbone’, le CESE recommande aux TPE et PME de prendre en compte a minima, et au-delà des exigences réglementaires actuelles, les catégories d’achats suivantes :
-
transport (approvisionnement et livraisons),
-
trajets des salariés,
-
déchets et emballages,
-
achats de matières premières,
-
investissements.
III - Développer une stratégie d'engagement bas carbone des partenaires commerciaux TPE/PME. Comment EcoVadis peut aider ?
Tout au long du processus, la collaboration est la partie la plus importante de toute stratégie d'engagement et il est crucial de tenir compte de la réalité et des nombreuses difficultés auxquelles sont confrontés les partenaires commerciaux et tout particulièrement les TPE et PME.
L'indice annuel EcoVadis (plus de 65,000 évaluations) mesurait à fin 2020 que seules 13,7% des entreprises TPE/PME en amont dans les réseaux d'approvisionnement comptabilisaient leurs émissions de GES, et qu'une part encore plus faible savait communiquer son empreinte carbone produit par produit. Une stratégie d’engagement doit donc se penser par étapes.
Du côté des donneurs d’ordre, après avoir défini un objectif cible sur le périmètre Scope 3, une stratégie est indispensable à l'adhésion des fournisseurs. Le collectif du SBTi suggère un processus en deux étapes, élaboration puis mise en œuvre de la stratégie d'engagement.
Phase 1 :
Les entreprises identifient et priorisent les partenaires de la chaîne d'approvisionnement à cibler.
À ce stade, il est important de se concentrer sur les fournisseurs qui ont l'impact carbone le plus élevé, indépendamment du CA dépensé ou du rang dans la chaîne d'approvisionnement. Des facteurs tels que le calendrier de la coopération, la localisation des fournisseurs (par exemple normes environnementales locales), ou bien encore les antécédents de non-respect des accords contribuent à orienter la priorisation des fournisseurs à cibler. La stratégie d'engagement choisie doit alors correspondre aux fournisseurs ciblés et aux contextes d’entreprises selon leur taille et de l'effet de levier potentiel.
Phase 2 :
Cinq éléments sont indispensables - la communication, la collaboration, le soutien, le suivi et le renforcement - à la mise en œuvre de la stratégie, bien que les entreprises pourraient préférer commencer par des étapes choisies et les développer progressivement, en fonction de leurs capacités.
Le SBTi recommande de rationaliser toutes les étapes du processus de mise en œuvre en une seule plate-forme dédiée afin de maintenir un processus plus souple pour les partenaires de la chaîne d'approvisionnement et d’éviter la lassitude des multiples questionnaires (“survey fatigue”).
Les outils pour orienter la collaboration sont variés, des clauses contractuelles, aux évaluations effectuées par des parties tierces, ou encore, un code de conduite des fournisseurs propre à l'entreprise qui inclut les BEGES comme norme.
Mais quels que soient les outils choisis, une culture de collaboration continue et constructive avec les partenaires est la clé du succès d’une stratégie d’engagement carbone.
Contactez notre équipe France pour en savoir plus !
A propos de l'auteur
Plus de contenu par Veronique Seel