Le Baromètre EcoVadis « Achats Responsables » mesure tous les deux ans l’évolution des priorités et des pratiques achats responsables d’entreprises multinationales, mais aussi, depuis 2017, le point de vue de dirigeants d’entreprises au titre de “fournisseurs”.
L’édition 2021 a été menée en collaboration avec une équipe de chercheurs spécialistes de la supply chain au sein de la Stanford Graduate School of Business en Californie, la VCII.
La plupart des études et enquêtes en achats responsables interrogent les commanditaires et les grandes entreprises, les données recueillies portent sur les avantages que les directions achats peuvent tirer de la mise en œuvre de programmes et d'initiatives en achats responsables.
La spécificité du baromètre EcoVadis « Achats Responsables » est de s'intéresser aux deux points de vue, dans le cadre de la relation acheteur-fournisseur.
L’échantillon de cette édition comprend plus de +350 réponses de responsables et dirigeants d’entreprises, dont près de 40% en dehors de l’Europe, qui ont répondu à une enquête en ligne soit en tant que “acheteur” soit en tant que “fournisseur”.
Point de vue partagé acheteurs et fournisseurs : aujourd’hui, résilience et pratiques responsables vont de pair !
En toute logique, et déjà souligné dans de nombreuses enquêtes postérieures à fin 2019, la résilience (Supply Chain Resiliencies en anglais) fait partie des TOP Priorités dans les stratégies achats à 2-3 ans, citée par la moitié des acheteurs interrogés (48%). Pour toutes les entreprises qui étaient déjà matures dans leurs pratiques éthiques, sociales mais aussi achats responsables, cette cohérence stratégique a été un facteur global d'agilité et de résilience jusqu’au niveau des chaînes d’approvisionnement.
Ce sentiment est partagé à la fois par les acheteurs mais aussi par les dirigeants des entreprises, côté fournisseurs :
71% des fournisseurs interrogés estiment que leurs pratiques responsables les ont aidés à faire face aux perturbations généralisées causées par la pandémie… A rapprocher du résultat de 63% des acheteurs qui déclarent que leurs pratiques achats responsables les ont aidés à renforcer la résilience de leur chaîne d'approvisionnement.
Post pandémie, des changements de posture des 2 côtés de la chaîne d’approvisionnement...
Côté acheteurs > Mutation de la Fonction Achat et de sa place dans la stratégie globale d’une organisation
A l’interne, les achats sont reconnus comme un acteur de premier plan dans la transformation et la résilience des entreprises et attendus sur l'innovation et les enjeux du développement durable :
Les engagements et les investissements en faveur du développement durable sont restés stables ou ont augmenté pour 93 % des Directions achats interrogés, y compris sur les ETI et entreprises de taille moyenne.
L’alignement avec les objectifs de développement durable de l’entreprise est devenu capital :
La réalisation des objectifs de développement durable des entreprises est devenue une priorité pour les dirigeants Achats interrogés, avec 63% d’entre eux la déclarant comme « très importante », contre seulement 25% en 2019.
La crise sanitaire et économique a mis en exergue de nouveaux risques liés à l’interconnexion des chaînes d’approvisionnement. Elle a fini d’opérer sans retour en arrière possible la mutation de la Fonction Achat et sa place dans la stratégie globale de toute entreprise.
Cette mutation était évoquée dès le début de la pandémie lors d’un échange avec Jean-Luc Baras, président du CNA
Côté fournisseurs > les fournisseurs déjà engagés dans leur transition responsable ont changé de posture à l’égard du marché
L’effet de cascade des réglementations et la pression grandissante est confirmée : 83% des entreprises interrogées au titre de “fournisseur” confirment être plus sollicitées sur leurs performances extra-financières par leurs commanditaires et partenaires. (consulter le rapport integral pour en savoir plus)
Face à cette augmentation des sollicitations, de plus en plus d’entreprises cherchent à tirer parti de leurs efforts et actions engagées en RSE dans leurs relations avec leurs clients.
Plutôt que de “subir” les sollicitations et demandes d’informations sur leurs pratiques responsables, outre les attentes de retours tangibles auprès des clients qui les sollicitent sur ces questions, de plus en plus de fournisseurs cherchent à valoriser leurs engagements éthiques, sociaux et environnementaux plus largement dans leurs marchés.
Quelle est leur principale motivation à s’engager dans la RSE ?
Même s’il est bien sûr simpliste de choisir une seule raison pour de tels engagements, il est intéressant de constater un glissement au fil des années de la motivation principale assumée des dirigeants interrogés, de l’engagement par conviction, “mener nos activités dans l’intérêt social, en considération des enjeux sociaux et environnementaux” vers une raison plus orientée marchés.
Interrogés sur leur motivation principale à s’engager en RSE, ils citent à présent à 32% “les opportunités de croissance” contre 23% en 2019. Ajoutés à ceux qui citent le “maintien de marchés existants”, la moitié des fournisseurs interrogés semblent aborder leurs performances RSE comme un nouvel avantage commercial à valoriser.
Progrès en RSE et Qualité de la relation acheteurs-fournisseurs : la moitié des fournisseurs se sentent véritablement soutenus par leurs principaux commanditaires
Ce résultat peut être lu comme un signal d’alerte : les fournisseurs attendent des retours tangibles auprès des clients qui les interrogent sur leurs performances RSE.
Cette répartition demeure inchangée par rapport à 2019 et 2017, et ce, malgré la pandémie et les élans de solidarité(s), d’actions et d’initiatives en soutien des fournisseurs.
Un peu moins de la moitié des fournisseurs interrogés (48%) perçoivent leurs donneurs d’ordres comme engagés à leurs côtés dans l’amélioration de leurs pratiques éthiques, sociales et environnementales.
Ce décalage avait déjà été mis en évidence dans trois autres enquêtes en France : l’étude Bpifrance - PwC - Orse : "RSE : la parole aux fournisseurs !" (600 répondants Juin 2019) et “Acquis et défis de la solidarité économique dans les relations clients fournisseurs” réalisée par le Médiateur des entreprises et Provigis (232 répondants Sept. 2020) et mis en avant comme enseignement majeur du dernier baromètre français ObsAR 2021 (Nov à décembre 2020).
A minima, le Baromètre 2021 EcoVadis « Achats Responsables » confirme en 2021 :
- une prise de conscience généralisée de la transition nécessaire vers de nouveaux modèles de gestion dans l’ensemble de la chaîne d'approvisionnement, des fournisseurs aux acheteurs, toutes tailles d’entreprises confondues.
- l'existence d'une minorité d’entreprises très avancées en achats responsables (“SP leaders”), tant sur les niveaux de couverture, les actions engagées, mais aussi sur les niveaux d’équipement en outils de mesure et d'animation des performances RSE des partenaires.
Interrogées sur l’adhésion et la progression RSE des partenaires sur la durée, ces équipes achats avancées recherchent une relation équilibrée avec leurs partenaires pour augmenter l’impact des programmes achats responsables. Les termes de « bons » ou « mauvais » élèves en RSE sont par exemple bannis. L’attente de « retour tangible » est perçue comme « légitime ».
Le soutien des directions générales, les outils et l’action combinée à la fois sur les équipes d’acheteurs à l’interne mais aussi sur l’accompagnement des fournisseurs sont des pré-requis.
Autre avantage, ces efforts constants et ciblés facilitent grandement l’engagement de ces mêmes fournisseurs sur la voie de la décarbonation et du périmètre complexe du Scope 3… Ainsi que le rappelait Giulia Stellari, Director, Sustainable Sourcing, Digital and Carbon Solutions, Unilever, "vos émissions de scope 3 sont bel et bien les émissions scope 1 et 2 de quelqu'un d'autre”.
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