Le 19 août dernier, la “Business Roundtable”, association de près de 200 CEO de très grandes entreprises américaines, publiait un manifeste posant de nouveaux principes sur la gouvernance d’entreprise.
Une sorte de “Raison d’être de la Loi Pacte, version US” -initiée par les entreprises et non l’Etat.
La déclaration de la Business Roundtable aux Etats Unis sur l’objet de l’entreprise (Purpose of a Corporation) s’inscrit dans la lignée de la toute récente Loi Pacte en France, qui invite les entreprises françaises à définir leur “raison d’être” (art 169) en tenant justement compte des parties prenantes et pas seulement des actionnaires.
Nouvelle Recommandation Managériale à l’attention des patrons américains sur leur rôle (Purpose of a Corporation) :
“Annuler et remplacer par”
Selon l’association, le manifeste repose avant tout sur une nouvelle définition de l’objet de l’entreprise « remplaçant » tout ce qui avait été préconisé jusqu’ici, et qu’elle définissait « une norme moderne en matière de responsabilité d’entreprise », en signant la fin du “tout pour l’actionnaire”.
Gouvernance : nouvelle définition de l’objet d’une entreprise
Contrairement aux recommandations en matière de gouvernance d’entreprise publiées jusque dans les années 90 par cette association – les sociétés existent pour servir les actionnaires – ce manifeste prône l’engagement envers les parties prenantes : « Nous nous engageons envers l’ensemble de nos parties prenantes ». Malgré un certain scepticisme (voir ci-dessous), il s’agit d’une annonce fondamentale.
Les recommandations de gouvernance d’entreprise de la Business Roundtable sont suivies, relayées et diffusées par de nombreux investisseurs, consultants et autres décideurs économiques aux Etats Unis et ailleurs dans le monde.
Outre la création de richesses, le manifeste définit de nouvelles recommandations pour les chefs d’entreprises :
Investir dans les employés,
Offrir de la valeur aux clients,
Soutenir les communautés impactées par les activités
… sans oublier de traiter de manière éthique et responsable les fournisseurs
On pourrait dire que c’est le début de la fin de la mondialisation telle que nous l’avons vécue depuis la fin des années 70, caractérisée par la maximisation de la valeur actionnariale.
C’est une bonne nouvelle pour l’économie et la planète.
« Du point de vue d’EcoVadis et de sa méthodologie, cette déclaration de la Business Roundtable est une bonne nouvelle ! » selon Sylvain Guyoton, Senior Vice-Président Recherche d’EcoVadis : « notre méthode d’évaluation des performances RSE des entreprises est justement organisée selon les parties prenantes sous 4 thèmes :
ENV représente l’environnement,
LAB les employés et le respect des droits de l’homme,
FBP la société civile, la société et les clients, au travers de l’éthique
SUP les fournisseurs, leurs pratiques sociales et environnementales »
La méthodologie EcoVadis et un exemple de fiche d’évaluation sont disponibles.
Scepticisme ?
La presse et de nombreux experts ont bien évidemment déjà relayé et commenté cette déclaration, affichant souvent un scepticisme.
John Elkington, membre du comité scientifique d’EcoVadis a publié un article en ce sens dans la Harvard Business Review (HBR) soulignant que “pour le moment, les chefs d’entreprises n’avaient pas encore mis en pratique ces engagements” et suggérant 6 pistes : 6 Ways CEOs Can Prove They Care About More Than Shareholder Value
Andrew Winston (également au comité scientifique) a contribué à cet article en interpellant l’ensemble de la communauté sur la nature et la portée de la déclaration.
Enfin, dans une tribune publiée sur Linkedin, Pierre-François Thaler, co-dirigeant d’EcoVadis a invité les 181 PDG américains signataires à passer de la parole aux actes tout en se félicitant de cette avancée et du potentiel d’une telle initiative portée par des entreprises. Il rappelle à cette occasion que “Le vrai virage commence avec la chaîne d’approvisionnement”.
Bien entendu, cette déclaration de la Business Roundtable ne signifie pas que tous les impacts environnementaux et sociaux des activités des entreprises signataires vont être pris en compte à l’instant, ni que les problèmes sociaux et environnementaux vont disparaître du jour au lendemain, mais cela résout un problème fondamental : elle signe la fin de la contradiction flagrante entre ce que la société attend aujourd’hui des chefs d’entreprises et ce que les actionnaires exigent de ces mêmes chefs d’entreprise.
En tout état de cause, il s’agit d’une étape importante dans la transition vers une économie plus responsable.
Dans ce nouveau système économique, tous les décideurs (assureurs, acheteurs, consommateurs, investisseurs…) voudront demain connaitre la qualité du management de ces nouveaux enjeux éthiques, sociaux et environnementaux… et c’est une bonne nouvelle pour EcoVadis et toutes nos équipes aux Etats-Unis mais aussi ailleurs dans le monde !
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